Pauvre Madeleine de Jessey, porte-parole de Sens commun et soutien de François Fillon… Elle devait discourir à Bordeaux, à Sciences Po. Las, après avoir été menacée d’enfarinage, elle est aujourd’hui tout simplement décommandée…
Pourquoi ? Au simple motif que des étudiants de cette vénérable institution ne supporteraient pas, à en croire notre confrère Valeurs actuelles, ses « positions anti-avortement ». Et ce même hebdomadaire de révéler : « La direction, qui craignait des “risques de troubles à l’ordre public avérés”, a finalement préféré annuler la rencontre. »
Première remarque, d’ordre quasiment pavlovien : râler contre ces élites « de gauche », forcément « de gauche », épaulées par un pouvoir médiatique « de gauche », évidemment « de gauche ». Pour les amateurs de cette bouillie pour chat – qui ferait d’ailleurs dégueuler le premier Raminagrobis venu –, rappelons que le pouvoir politico-médiatique dominant n’est ni de gauche ni de droite, mais seulement hors-sol, et surtout inféodé à un pouvoir politico-industriel autrement plus puissant. Et que les « journalopes » si souvent vilipendés, jusque dans ces colonnes, sont plus victimes de l’autocensure intériorisée – cerveau lavé par des années passées en écoles de journalisme – que de la censure à l’ancienne qui, selon les élégances du moment, vous envoyaient en villégiature aux îles Lipari ou Guernesey.
Seconde remarque, concernant non point la personnalité de Madeleine de Jessey, mais tout ce qu’elle peut représenter, d’un point de vue sociologique comme politique. Cette demoiselle est, certes, agrégée de lettres classiques, mais il existe tant de choses qu’on ne saurait apprendre dans les grandes écoles… La science de la politique et l’art des bonnes manières, par exemple. La première aurait dû lui faire comprendre que lorsque l’on vient de La Manif pour tous et que l’on veut peser sur le destin électoral des Républicains, on commence par défendre, au premier tour, le candidat le plus proche de ses convictions – Jean-Frédéric Poisson, en l’occurrence – au lieu de mener campagne pour un François Fillon, margoulin qui va à la messe comme d’autres à la gamelle ou au bordel.
Là, éternel pavé dans la chaussure de cette droite de droit divin : la stature sociale.
Jean-Frédéric Poisson n’a pas sa « carte » au club des gens comme il faut. Pas précisément issu de la « haute », c’est un rustaud, autodidacte, rugbyman, jamais contre un whisky entre deux cigarettes. Et qui, de plus, dit les mots qui fâchent, lorsqu’il évoque ces « lobbies sionistes » faisant la campagne de Hillary Clinton. Quel mauvais goût !
Alors que François Fillon, sa Penelope et leurs quarante enfants, leur F2 de mille mètres carrés dans la Sarthe, c’est tout de même autre chose… Ce sont des gens du même monde qui, entre vêpres et cours de tennis, n’oublient jamais le vulgum pecus, offrant aux pauvres des couvertures qui les réchauffent, mais couvertures assez rugueuses à l’épiderme pour leur rappeler que pauvres ils sont, et que pauvres ils ont vocation à demeurer. Faudrait pas qu’ils s’enrhument, ces gueux ; parce que ce ne sera pas forcément remboursé par la Sécurité sociale.
Madeleine de Jessey, comme tant d’autres de sa caste, imaginait sûrement qu’en liant son destin à de tels aigrefins, elle s’épargnerait les misères généralement réservées aux gens du commun. Eh bien, non. Souvent, les médias dominants peuvent haïr les gueux du Front national, autant ils méprisent les Versaillais fusilleurs de Communards ; ils ne sauraient se tromper toujours. Le gag, ce sera sûrement lors du second tour de la prochaine élection présidentielle, quand ce ramassis de bourgeois déclassés en voie de clochardisation idéologique en sera réduit à appeler à voter pour Emmanuel Macron.
Bienvenue dans un monde cruel, Madeleine.
Source : Boulevard Voltaire