Pour ceux qui pensaient que le "Plan d'action pour l'égalité entre les filles et les garçons", qui remplace les "ABCD de l'égalité", avait pour but d’apaiser les esprits et de tenir compte de l’avis des parents, la commission “droit des femmes” du Sénat s’est chargée de remettre les pendules à l'heure en reprenant l’offensive sur les “stéréotypes” contenus dans les livres scolaires. Auteur d’un rapport sur le “sexisme” contenus dans les manuels, le sénateur PS Roland Courteau demande que le Plan d’action soit "énergiquement piloté au plan national", sous peine d’être inefficace.

[Mis à jour, 4/06] — Dans un rapport publié ce mercredi 2 juillet, 36 sénateurs recommandent la généralisation des ABCD de l'égalité, enterrés par le gouvernement en début de semaine… pour être transformés en « Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école ».

Mais cette annonce par le ministre de l'Education nationale Benoît Hamon de l'abandon du dispositif des ABCD de l'égalité fille-garçon et son remplacement par un plan d'action « ne manque pas de nous interroger », a expliqué M. Courteau qui présentait au Sénat le rapport sur "Les stéréotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires : faire de l'école un creuset de l'égalité".

"Si les outils et les objectifs affichés restent apparemment les mêmes, nous savons bien que le programme ne sera efficace que s'il est énergiquement piloté au plan national, si les séquences pédagogiques visant à la transmission aux élèves et la formation des professeurs bénéficient d'horaires dédiés obligatoires", a jugé le sénateur.

"Ignobles détracteurs"

En outre, le programme doit être "évalué par un suivi d'expériences", a ajouté M. Courteau, qui a qualifié d'"ignoble" (sic), "l'instrumentalisation" orchestrée par les détracteurs des ABCD de l'égalité.

La plupart des professionnels interrogés "constatent une permanence dans la reproduction des stéréotypes de genre et de préjugés tant dans les outils que dans les méthodes pédagogiques", relève-t-il, estimant qu'on ne pouvait "se satisfaire de cette situation". Il a rappelé que "l'une des missions essentielles de l'école réside dans la transmission des valeurs d'égalité et de respect entre les filles et les garçons".

Dans les manuels d'histoire, de mathématiques et de français, analysés en 2010, 2011 et 2012, on remarque une "sous-représentation très importante des femmes" et "la persistance des stéréotypes sexués". Les domaines scientifiques, des arts et des sciences demeurent aussi très masculins.

Le rapporteur préconise notamment d'"accompagner les éditeurs scolaires" alors qu'une refonte des programmes scolaires est en cours ou encore de mieux former les enseignants. 

Pour l’UMP, un écran de fumée

Contrairement aux rumeurs, les 10 sénateurs UMP membres de la commission n’ont pas voté le rapport qui recommande notamment la poursuite de la mobilisation de l'ensemble de la communauté éducative, sur la base des ABCD de l'égalité. Dans un communiqué, ceux-ci s'inquiètent d'ailleurs de ce que « le soi-disant retrait de ce module, annoncé par le ministre de l'Education nationale, ne soit qu'un nouvel écran de fumée ».

En réalité, disent-ils « c'est une généralisation de ce programme qui s'annonce puisque l'ensemble des enseignants de l'élémentaire vont y être formés et qu'une mallette pédagogique va leur être distribuée pour faciliter son enseignement.

Les Sénateurs du groupe UMP dénoncent une politique éducative dictée par la seule idéologie et très éloignée des réalités de terrain que vivent chaque jour les enseignants et les personnels de l'éducation. »

 

 

Sources : AFP, Figaro.