Lors de ses vœux présentés à la presse, Manuel Valls a employé un mot volontairement provocateur, afin de démontrer que la description du réel ne lui faisait pas peur : il existe en France, dit-il, « un apartheid territorial, social, ethnique ».

Le diagnostic posé semble juste. En revanche, il est regrettable que le Premier ministre ait employé un mot délibérément polémique. L’opposition a cru devoir se livrer à surenchère médiatique. Dix jours après le grand élan d’union nationale, d’apparence si trompeuse, la politique politicienne a rapidement repris ses droits, au détriment des problèmes quotidiens des Français.

La stratégie d’évitement des Français

Le géographe Christophe Guilluy, auteur de La France périphérique, analyse la situation ainsi :

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« Selon un rapport publié en 2014, 75 % des Français pensent qu’“il y a trop d’immigrés” et 60 %  qu’“on ne se sent plus chez soi comme avant en France”. Cela a des conséquences concrètes sur la spécialisation ethno-culturelle de certains territoires. Selon leur catégorie sociale ou leur appartenance culturelle, les Français adoptent des stratégies d’évitement : “On choisit d’habiter une zone résidentielle, même très éloignée des centres, plutôt que dans un quartier sensible, on sélectionne très attentivement le collège de ses enfants, etc.” Cela concerne l’ensemble des Français, quelles que soient leurs origines. »

Et le géographe d’ajouter : « Il faut accepter l’idée qu’une société multiculturelle soit de fait une société sous tension. Ces tensions ne vont pas disparaître dans les dix ans à venir. En revanche, l’enjeu est de faire en sorte qu’elles soient le plus basses possible et qu’elles ne débouchent pas sur de véritables conflits. »

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Face à ce nouvel enjeu fondamental d’unité nationale, la classe politique sera-t-elle capable de relever le défi ?

 

France Audace/Liberté politique

 

 

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