Alors qu’Emmanuel Macron vient d’emporter une victoire en maintenant sa réforme des retraites en dépit de vives oppositions tant politiques, syndicales que dans l’opinion, le président semble être obligé de modifier une équipe gouvernementale affaiblie.
Des départs nécessaires
Certains ministres devraient faire les frais du remaniement maintes fois annoncé et qui devrait avoir lieu avec le 14 juillet avec la fin des « cent jours » évoqués par le président. Une période durant laquelle il se donnait pour mission d’apaiser le pays. Faute d’y être parvenu, Emmanuel Macron a tout de même réussi une réforme que ses prédécesseurs ont parfois voulu faire sans s’y tenir. Abnégation ou cynisme, chacun aura son idée sur le qualificatif à utiliser mais quoi qu’il en soit, le pensionnaire de l’Élysée est arrivé à ses fins. Avec la fin de la « séquence » de la réforme des retraites, plusieurs ministres devraient quitter le navire. Les noms d’Éric Dupond-Moretti et Marlène Schiappa reviennent ainsi avec insistance du fait de leurs casseroles respectives. Bruno Le Maire pourrait subir les conséquences de ses déclarations souvent hors-sujet et de ses fantaisies « littéraires ». Enfin, Pap Ndiaye à l’Éducation nationale pourrait aussi être remercié après s’être montré incapable et insensible lors de dramatiques histoires de harcèlement scolaire. Enfin, François Braun à la Santé, autre ministre étiqueté « société civile », devrait quant à lui faire partie remaniement.
Borne faute de « mieux » ?
Elisabeth Borne n’était pas le premier choix d’Emmanuel Macron. Ce dernier n’a pas d’affection particulière pour elle mais semble être aujourd’hui bien démuni pour trouver un successeur. Tiraillé entre son aile gauche et son aile droite, le président doit aussi ménager ses deux alliés : Horizon d’Edouard Philippe et le Modem de François Bayrou. Le premier ambitionne de se présenter en 2027 et voudrait amorcer un rapprochement des troupes macronistes vers la droite quand le second tient à son petit pré carré et souhaite garder un cap très centriste. François Bayrou, 72 ans, toujours Haut-Commissaire au Plan, s’opposerait ici indirectement à son vieil ennemi Nicolas Sarkozy qui conseille à Emmanuel Macron de prendre un chef de gouvernement issu des rangs de la droite.
En nommant une personnalité venue de la droite comme chef de gouvernement, le président sait qu’il va froisser une partie de ses troupes à l’heure où les sociaux-démocrates tentent de se reconstruire derrière Bernard Cazeneuve. L’hypothèse de nommer un profil technocratique « pur » sans appartenance partisane peut aussi être envisagée mais il faudra une personnalité capable de se placer au-dessus de la cacophonie ministérielle qui voit s’opposer des ambitions contradictoires, des egos, des anciens concurrents LR ou PS… Finalement, le choix de conserver Elisabeth Borne pourrait être plus sécurisant pour l’Élysée.
À quatre ans de la fin du quinquennat, Emmanuel Macron se sait déjà à un tournant. Habile tacticien, il pourrait réserver des surprises mais devra composer avec des alliés, et des concurrents LR, qui ont déjà les yeux rivés vers 2027.
Olivier Frèrejacques
Délégué général de Liberté Politique
- Absence du pape François à Notre-Dame : une bie...
- Bayrou Premier ministre, Emmanuel Macron remet...
- Requiem pour la Syrie
- Motion de censure, le bal des hypocrites
- Macron : la repentance et la France en tout petit
- Motion de censure : le crépuscule de Michel Bar...
- La pénible litanie féministe
- Alliance contrainte, alliance éphémère ?
- Les « irremplaçables », une autre facette du co...
- 2027, rien ne sert de courir, il faut partir à...