Le spectacle offert par le centre au pouvoir et l’opposition de gauche est affligeant. Les débats entourant la réforme des retraites mais aussi les coups de com’ initiés par les uns et les autres discréditent ces deux camps et abaissent le débat public plus bas que terre.
Nupes : trois nuances de médiocrité
La France Insoumise multiplie les provocations depuis l’arrivée à l’Assemblée de la réforme des retraites. Dans une époque d’hyper médiatisation et à grand renfort de réseaux sociaux, l’union des gauches occupe le terrain. Tantôt aux cotés des syndicats dans la rue, tantôt à grands coups d’amendements dans l’hémicycle.
Le député LFI Thomas Portes a ainsi été suspendu quinze jours pour avoir mis le pied sur un ballon de football sur lequel figurait le visage du ministre du travail Olivier Dussopt. Le député, qui avait fait parler de lui l’été dernier pour des signalements portés à son égard pour « harcèlement sexuel », a reçu le soutien de ses camarades qui ont cru élever le niveau en mettant un petit ballon de football sur leurs réseaux sociaux. À cette affaire s'est ajoutée une autre visant Olivier Dussopt : un autre député LFI, Aurélien Saintoul, a invectivé le ministre durant les débats, le traitant d’assassin.
Des coups d’éclats qui suivent la pénible séquence Quatennens, cet ancien cadre du parti mis en cause par des accusations de violences conjugales. Violences conjugales et sexuelles sont le lot de cette gauche donneuse de leçons. L’ancien secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) Julien Bayou avait aussi été poussé à la sortie dans le cadre d’accusation de violences psychologiques. Le Parti Socialiste, six ans après avoir quitté le pouvoir, s’est illustré avec son élection interne marquée par des fraudes. 23 000 personnes ont pris part au vote - ils étaient 38 000 en 2018 et 71 000 en 2015…
Le PCF demeure relativement épargné, même si le caractère guignolesque de son chef de file Roussel, qui joue la carte franchouillarde contre Sandrine Rousseau paraît sympathique à certains…
Macronistes, le cynisme sans limites
Face à l’indignité des gauches, la majorité joue la carte de l’indécence. Le ministre Dussopt a reçu des centaines de messages de soutien pour avoir été qualifié d’assassin et pour la présence de son visage sur un ballon de football… Gageons que le ministre du travail s’en remettra, lui dont la « sensibilité » l’encourageait à affirmer en 2011 quand il était encore député socialiste : « Quand j'entends que, malheureusement, 96 % des grossesses pour lesquelles la trisomie 21 est déclarée débouchent sur un avortement, la vraie question que je me pose est : pourquoi il en reste 4 % ?». L’indignation sélective de la majorité peut aussi être envisagée à travers les cas Damien Abad et Gérald Darmanin, visés également par des accusations de femmes mais qui ont toujours leur place dans le parti présidentiel.
Gérald Darmanin est d’ailleurs en pointe en matière d’indécence, lui qui aime dire sur les plateaux télévisés que sa mère est femme de ménage et prendra sa retraite en juillet à plus de 67 ans… Quand on a la carrière politique de l’actuel ministre de l’Intérieur avec les revenus que cela implique, ne pas prendre en charge sa vieille mère et la laisser faire des ménages à 67 ans révèle un degré d’humanité proche de zéro.
Enfin, le député Karl Olive, loin d’être le crayon le mieux aiguisé de la boîte, a cru malin de poster une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il se cuisine des coquilles Saint-Jacques et cela, juste après un vote de la majorité défavorable à la proposition (certes démagogique) du repas à un euro pour les étudiants.
A qui profite la bataille ?
Alors que la majorité centriste et les gauches se livrent une bataille médiocre sur les retraites, le Rassemblement National se tient à distance. Contre la réforme mais pas outrancier comme la Nupes, il se donne, sans rien faire, un vernis de crédibilité. Et pour cause, Marine Le Pen tient ses troupes à l’Assemblée et se cantonne à une critique ferme mais sans provocation. Discret, le groupe RN au Palais Bourbon ressort grandi de cet affrontement auquel il participe à distance.
La majorité ne peut que constater une méthode moins agressive que celle de la gauche de l’hémicycle et l’union des gauches peut user de tous les arguments qu’elle veut, c’est elle qui a appelé à voter Emmanuel Macron au second tour en 2027.
Alors que Les Républicains peinent à se démarquer de la majorité sur le sujet, que le parti d’Éric Zemmour est absent des bancs de l’Assemblée et emprunte une voie inaudible pour la majorité des électeurs, le RN pourrait bien être le grand gagnant d’un combat qu’il n’a pas vraiment mené.
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