La principale arme des forces de déconstruction est le mensonge, utilisé sans cesse, sur tous les sujets. Cela fonctionne plutôt bien : il est souvent difficile, pour des gens peu informés, de démêler le vrai du faux, et le « mentez, mentez sans cesse, il en restera toujours quelque chose » remplit correctement sa mission.

Ainsi, la paradisiaque cité future des déconstructeurs sera-t-elle ouverte sur un monde métissé, économiquement égalitaire, socialement fraternel, culturellement fécond. Peu importe que la base du raisonnement soit exclusivement idéologique : cela est dit, donc cela est vrai, joie de la pensée magique. Le « dire » tient lieu de dogme, au détriment de la réalité prosaïque et de la recherche de la vérité.

A l’inverse, la principale arme des reconstructeurs doit être l’expression inlassablement libre, au service de la vérité. Ce qui implique une pensée claire, simple, compréhensible. Ce qui devrait interdire la pensée confuse, qui peut aboutir à l’expression d’idées fausses car contradictoires, risquant de tirer les reconstructeurs vers le camp des déconstructeurs, sans qu’on y prenne garde.

Lorsque des hommes politiques, par exemple, se déclarent catholiques convaincus, pour ajouter immédiatement qu’ils sont favorables à l’avortement et au « mariage » homosexuel », ils apportent leur pierre à la déconstruction : ils expriment des positions contraires, que chacun pourra utiliser à sa façon. La confusion de leur pensée peut avoir de redoutables conséquences.

Lorsque des femmes se lèvent avec talent contre les féministes et leurs fantasmes idéologiques destructeurs, en expliquant en même temps que le libre choix des femmes sur l’avortement est un droit acquis et non contestable, se rangeant de la sorte sous la bannière des féministes les plus fondamentalistes, elles expriment des positions contradictoires, pouvant donner lieu à toutes justifications et leurs contraires. Leur pensée ne sert pas la recherche de la vérité, mais introduit trouble et confusion, et favorise finalement l’œuvre de déconstruction.

 

François Billot de Lochner

président de Liberté politique