En consacrant sa Une au Rassemblement National et à son rapport au droit des femmes, le journal Libération s’est offert une nouvelle démonstration d’hypocrisie. En reprenant les vieilles recettes de la diabolisation, le journal entretient une critique éculée et expose une nouvelle fois ses propres contradictions.

« RN leurre des femmes ». Le journal Libé s’en prend au Rassemblement National dans son édition de lundi et s’offre une « une » avec Marine Le Pen et son parti qui, derrière « le vernis » continuerait de défendre « une politique nataliste et anti-paritaire », comme si refuser l’obsession égalitaire et faire la promotion de la natalité n’étaient pas compatibles avec la défense des femmes.

Cette couverture hostile à l’ancienne candidate à la présidentielle montre que la dédiabolisation ne peut pas opérer avec une partie de la presse dont fait partie Libération. Le RN a donné de nombreux gages, notamment sur l’avortement, ce qui ne l’intègre pas dans l’arc de la respectabilité dessiné par les rédactions parisiennes.

 

Le fait que Marine Le Pen soit la deuxième femme à avoir obtenu le plus de voix lors d’un scrutin en France avec plus de 13 millions de suffrages n’y change rien. La présence de femmes dans son équipe rapprochée et sa proposition de loi sur l’endométriose n’ont pas non plus suffi.

 

À regarder de près, le RN n’est pas très différent de ses concurrents en matière de parité à l’Assemblée avec près de 30 % de femmes dans ses effectifs. Au-delà de cette statistique, le parti dirigé aujourd’hui par Jordan Bardella ne semble pas plus touché par des affaires de harcèlement ou de violences faites aux femmes que d’autres formations politiques, toutes sensibilités confondues.

 

Libération, c’est dans les vieux pots…  

 

Le rédacteur en chef de Libération est monsieur Dov Alfon, il a succédé à Laurent Joffrin qui lui-même avait pris la suite de Serge July. Ce dernier, âgé de 80 ans, dispense toujours son catéchisme libertaire dans le journal. Sous sa direction, le journal était passé au début des années 2000 d’une diffusion de 200 000 exemplaires à moins de 135 000, pourquoi se passer d’un tel talent ?

 

Chez Libé, il avait aussi invité l’éditeur précurseur du négationnisme Pierre Guillaume en 1978, ce qui n’empêchera pas le journal de mener une campagne au début des années 2000 contre Bruno Gollnisch sur ce même thème. Quelques années plus tard, l’eurodéputé FN sera blanchi de ces accusations. July, lui, a été condamné. Pas franchement de sensibilité monarchique, le journal a néanmoins eu, avec Serge July, le même patron de la rédaction pendant 32 ans. C’est certes moins que les 38 années de Le Pen à la tête du Front national mais cela ne représente pas loin d’un tiers de siècle.

 

« Faites ce que je dis »

 

Au rayon hypocrisie crasse, Libé se place bien dans le versant « religion diversitaire ». Défendant ardemment les « minorités » quand elles ne penchent pas trop à droite, le journal ne s’applique pas ou peu ses propres préceptes et s’en explique longuement… De la même manière, le journal écrit régulièrement sur des affaires pédo-criminelles mais hébergeait en son sein au moins un pédo-criminel : Christian Hennion qui aura même le droit à quelques lignes dans le journal à l’occasion de son décès. Là aussi le journal s’explique aujourd’hui mais difficile de trimballer un tel héritage.

Passé de Rothschild à Drahi, le journal de la gauche parisienne peine à trouver une concrétisation politique de ses aspirations. Hostile à Mélenchon et plutôt attaché à une gauche façon Jack Lang avec un vernis social, Libé a connu un regain de forme avec la progression de son site internet et une augmentation des ventes papier qui le porterait à près de 100 000 exemplaires payés par jour. Reste que cette progression semble limitée par un effet plafond de verre inhérent à la sociologie du lecteur…

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté Politique