« Peut-on vraiment croire Valérie Pécresse ? », s'interroge le magazine Têtu ? La candidate de la droite et du centre ne vient-elle pas de lui déclarer que « la libre détermination du genre fait partie de [son] ADN » ?
Ce n'est pas tout : elle assure avoir toujours appartenu à « la frange progressiste » de la droite et vouloir « ouvrir davantage les établissements scolaires aux associations qui luttent contre les LGBTphobies ». On comprend que le média historique de la communauté LGBT+ ait des doutes sur l'authenticité de son virage à 180 degrés alors qu'elle avait, naguère, pris position contre le mariage pour tous.
Le magazine observe que la candidate « ne part pas seule dans sa course à l'Élysée, mais avec une équipe rapprochée ». Il n'est pas certain que le sénateur vendéen Bruno Retailleau, chargé des « grandes réformes du début du quinquennat » ou que François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez et bien d'autres membres du parti LR partagent son point de vue, même si ce n'est pas la première fois qu'elle tourne casaque. En se prêtant à cet entretien complaisant, Valérie Pécresse ne fait que confirmer sa véritable nature : celle d'une politicienne opportuniste.
Tout est bon pour essayer de se faire élire à la fonction suprême. Elle n'a pas seulement changé de look, elle a changé de conviction, en fonction de ce qu'elle croit être ses intérêts. Elle illustre ainsi à merveille le mot emprunté à Camille Desmoulins qu'Edgar Faure s'appliqua à lui-même pour justifier ses volte-face : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. » Souplesse idéologique qui permet peut-être de prolonger sa carrière, mais ne fait honneur ni au personnage qui en abuse ni à la politique.
Certes, ce n'est pas la seule, parmi les dirigeants politiques, à pratiquer cet exercice de grand écart, proche de la démagogie, qui consiste à s'adapter à son public pour lui dire ce qu'il aime entendre – Macron y excelle encore plus qu'elle –, mais la démocratie (ou ce qu'il en reste) en subit le préjudice, car il ne suffit pas de se réclamer d'elle pour être démocrate. En se montrant ouvertement sous ce jour, elle affaiblit sa propre candidature : pour le bons sens populaire, l'inconstance inspire la défiance et s'apparente à l'inconsistance. Faut-il s'étonner si, dans un sondage réalisé par Elabe, elle perd 2,5 points d'intentions de vote au premier tour et n'obtient que 11,5 % des suffrages ?
Ces propos tenus dans le magazine Têtu ne sont qu'un exemple, parmi d'autres, des contradictions d'une candidate qui veut rassembler des opinions irréconciliables. Valérie Pécresse ne peut plaire à la fois à la droite forte représentée par Éric Ciotti – et tentée par Zemmour – et au centre mou de Jean-Christophe Lagarde, qui n'attend qu'une occasion de rejoindre la majorité présidentielle. Nul ne doute qu'à défaut de se qualifier au premier tour, elle s'empressera d'appeler à voter pour Macron, qu'elle prétend combattre. Cette droite ne détruit pas seulement la société, comme l'a tweeté Philippe de Villiers, elle se détruit elle-même.
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