Source [Conflits] : Face à une guerre qui dure et dans l’impasse pour en trouver une solution, les Européens sont plus que jamais menacés et aux premières loges d’un conflit qu’ils n’ont pas vu venir.
Raisonnant selon une nouvelle logique de blocs antagonistes entre d’une part, « le monde libre » et les démocraties et, d’autre part, les autocraties russe et chinoise, telle que réaffirmée par le président américain Joe Biden, lors de son discours à Varsovie le 21 février 2023, les Européens sont en train de perdre de vue le fait que la guerre en Ukraine pourrait être annonciatrice d’une véritable tragédie pour l’Europe.
Vulnérabilisés par une série de basculements aux plans géopolitique, géostratégique, énergétique et économique, provoqués par le déclenchement du conflit en Ukraine le 24 février 2022, il n’est pas à exclure que les peuples d’Europe se retrouvent menacés dans leur existence même, par l’intensification significative de ce conflit au printemps 2023, avec l’entrée dans une nouvelle phase de la guerre.
L’entrée périlleuse dans une nouvelle phase de la guerre
En cet hiver 2023, sur le théâtre de guerre ukrainien, le front s’est stabilisé. Une ligne séparant les territoires sous contrôle russe du reste de l’Ukraine s’étend désormais du nord-est jusqu’au sud du pays. Les belligérants se retrouvent immobilisés dans une guerre d’usure. Les Ukrainiens ne parvenant plus à reprendre de territoires conquis par la Russie, prévoient de lancer au printemps une offensive contre les forces russes, qu’ils espèrent décisive grâce à l’aide militaire massive – à savoir, des chars, des véhicules blindés, de l’artillerie de précision, voire des avions de combat – fournie par les Occidentaux, au premier rang desquels figurent les États-Unis.
Selon Pierre Lellouche, ancien ministre des Affaires européennes et ancien président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, en soutenant cette offensive qui pourrait permettre une reconquête par l’Ukraine des territoires perdus y compris de la Crimée, « les Occidentaux espèrent une défaite de l’armée russe qui, à son tour, entraînerait la chute du régime poutinien et donc l’avènement d’une autre Russie supposément démocratique, que certains, à l’instar de Lech Walesa, souhaiteraient couper en rondelles, de manière à la rendre définitivement inoffensive ». Un tel processus de changement de régime serait, selon cette analyse, extrêmement risquée s’agissant d’une puissance nucléaire, telle que la Russie, qui possède plusieurs milliers d’ogives nucléaires1.
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