[Source : Le Salon Beige]
Pour Jacques de Guillebon, dans La Nef, la victoire de François Fillon n'est pas une bonne nouvelle :
"[...] Cette victoire de Fillon signe en réalité l’évaporation d’un rêve que l’on a appelé « droite hors les murs », de ce camp qui eût pu se constituer entre des Républicains dominateurs et un Front national étatiste. Cette victoire sonne la fin du cycle entamé avec les Manifs pour tous où d’innombrables et vigoureux jeunes gens crurent pouvoir renverser le monde. La fin d’une génération romantique que les plus madrés de ses leaders ont ramenée dans le giron de la raison politique qui est toujours froide. Ils disaient ne rien lâcher, et ils auront le mariage homosexuel, au mieux tempéré par l’adoption simple, mesure qu’un juge quelconque se fera fort d’invalider dès que possible. Ils voulaient dégager Hollande, et ils auront une politique d’austérité qui fera passer Mme Thatcher et Mme Merkel pour des disciples de Roosevelt. Ils voulaient l’école libre, ils auront la concurrence féroce et impitoyable des privilèges de naissance. Ils voulaient la France forte et grande, ils n’auront plus de services publics, seulement la soupe populaire en cas de pépin. Bref, ils ne voulaient plus de l’infâme bourgeoisie de gauche, ils auront la méprisante bourgeoisie de droite, qui leur intimera de travailler le dimanche parce que Dieu le veut, qui leur intimera de se juger sans cesse à l’aune de leur réussite économique parce que c’est le sens de la vie. Une bourgeoisie de ces catholiques zombis qui repoussera plus loin encore que ne l’a fait la gauche dans les marges extérieures, dans les périphéries innommables la France des attardés, des demeurés, des demi-campagnards dont les Kévin n’auront d’ailleurs jamais le premier sou pour se payer une prépa HEC, et ce sera bien fait pour eux.
L’ordre est de retour, et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Car, contrairement à ce que suppute la gauche, cet ordre ne sera pas moral, il ne le peut pas parce qu’il ne peut servir deux maîtres et qu’il a choisi de longtemps le sien, avec la tronche de Marianne gravée dessus. Et les promoteurs de cet ordre, qui ont vendu pour un plat de lentille le million de manifestants anti-Taubira, devraient déjà redouter le jour où un peuple les collera à la lanterne. Mais même ce jour-ci, ils ne comprendront pas les raisons de la colère. Heureux sont-ils, heureuses les bonnes consciences."
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Hélas, cet article montre bien à quel point " la dernière chance " d'élire un candidat soucieux d'établir en politique un humanisme chrétien - jadis compatible avec un humanisme laïque - s'estompe à grands pas. L'illusion "Fillon" finira peut-être par avoir raison des espoirs qui sont les nôtres. Mais quoi qu'il en soit, comme dit la chanson :
"Si la maison s'écroule, nous ne faillirons point ".