BAGDAD, jeudi 20 mars 2003, 5h35, les premiers missiles américains frappent des objectifs " d'opportunité ". La seconde guerre d'Irak commençait. Après avoir multiplié en vain les appels à la raison, le Saint-Siège ne pouvait que constater l'échec de ces exhortations en faveur de la paix pour conjurer l'horreur.

 

L'heure était alors au pronostic. Faut-il le rappeler ?

Mgr Jean-Louis Tauran, secrétaire aux relations du Saint-Siège avec les États, s'inquiétait des coups portés à l'ONU et des nouveaux risques de terrorisme. Dans un entretien accordé le 25 mars à l'hebdomadaire catholique italien Famiglia Cristiana, l'archevêque français s'inquiétait sans retenue : " Avoir affaibli les Nations unies est une chose très grave. "

Et plus concrètement, il définissait la menace immédiate : " Cette guerre favorisera tous les extrémismes possibles, dont l'islamisme. Nous devons tous en être conscients. Elle provoquera le terrorisme et infligera une profonde blessure au dialogue entre christianisme et islam, parce que, malheureusement, existe dans le monde islamique la tendance à identifier l'Occident avec le christianisme. Espérons que les déclarations du Pape rassureront l'islam. Mais le risque reste très haut. "

Ce qui a été dit a été dit. Un an, presque jour pour jour, après les premiers bombardements américains sur Bagdad, l'une des principales capitales alliées de Washington est frappée par le plus grave attentat depuis le massacre des Twin Towers. Ce drame sera-t-il lu à la lumière des avertissements de l'Église ?

Le futur cardinal Tauran n'estimait pas que l'engagement du Pape contre la guerre ait été inutile : " Le Saint-Siège est une puissance morale, si l'on peut dire, et doit être la voix de la conscience. [...] Les gens ont réfléchi. Mais à un certain moment, la décision appartient aux responsables de la société. Nous avons essayé d'éclairer leur conscience. " Les consciences sont à nouveau au pied du mur, du mur de la haine.

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