George W. Bush est allé faire la guerre en Irak mais c'est en Afrique, au Liberia, que les populations, épuisées par plus de vingt ans de violences, attendent son intervention. Au cours de sa première journée africaine, lors de son passage à Dakar, le président américain s'est entretenu avec les chefs d'État d'Afrique de l'Ouest et, particulièrement, avec le Ghanéen John Kuofor, qui préside la CDEAO, de la situation au Liberia.
Les Africains demandent une intervention militaire américaine pour se débarrasser de Taylor et surtout retrouver un semblant de paix.
La Grande-Bretagne est intervenue en Sierra Leone où la situation redevient peu à peu paisible, la France soutient (à grands risques) un processus de pacification en Côte d'Ivoire : les anciens colonisateurs assument leurs responsabilités. Pourquoi les États-Unis, créateurs du Liberia, n'en feraient-ils pas autant ? Le Liberia aurait dû être la terre de "retour" des anciens esclaves ; son histoire est plutôt celle de l'oppression des populations locales africaines par les grandes sociétés étrangères s'abritant derrière une minorité de Noirs venus d'Amérique. Il y a vingt ans, la révolte des populations locales a fait plonger ce pays dans les luttes ethniques. Aujourd'hui, le Liberia est l'un des plus misérables pays d'Afrique.
Bush vient en Afrique parce que la déliquescence des États peut faire de ce continent un remarquable plate forme terroriste : les plus graves attentats anti-américains avant le 11 septembre ont eu lieu au Kenya et en Tanzanie. L'Afrique orientale est en partie islamisée et ses relations avec la péninsule arabique sont très anciennes. Mais les États-Unis convoitent aussi le pétrole du Golfe de Guinée. Les gisements off-shore se révèlent particulièrement intéressants à exploiter, à l'abri des contraintes politiques, et leurs ressources sont de mieux en mieux connues. Les compagnies américaines n'ont jamais cessé d'exploiter en Angola où un régime pro communiste était en butte à une rébellion soutenue par Washington ! Au Tchad, ce sont des compagnies américaines qui mettent en valeur le gisement de Doba qui pourrait bien se révéler le précurseur d'autres champs d'exploitation dans ce même pays et en Centrafrique.
Mercredi 9 juillet s'est ouvert à Maputo, capitale du Mozambique, le sommet annuel de l'Union africaine. Cette réunion consacre le retour de la paix dans ce pays qui connut lui aussi plus de vingt ans de guerre civile après le départ de ses colonisateurs portugais. Rappelons que c'est à une organisation catholique, la communauté San Eggidio, que le Mozambique doit d'avoir retrouver la paix.
La paix semble progresser en République Démocratique du Congo (ex Zaïre) où les diverses factions participent à un gouvernement d'union nationale qui doit mener le pays en deux ans vers des élection générales. La RD Congo a connu guerre civile et invasion étrangère et les belligérants d'hier continuent à soutenir les violences de milices ethniques contre lesquelles la France intervient, sous l'égide des Nations unies, en sécurisant la ville de Bunia, dans le Nord-Est du pays. Les Nations unies entretiennent une force de paix au Congo (la MONUC), insuffisante pour maîtriser son immense territoire, et le président Kabila vient de demander son renforcement et l'élargissement de sa mission. La paix au Congo est nécessaire à la stabilisation de l'Afrique centrale. La guerre a repris avec violence au Burundi où la principale faction armée hutue n'accepte pas le processus de partage du pouvoir mis en place il y a dix-huit mois.
Georges W. Bush annonce qu'il veut aider l'Afrique à sortir de la misère, de la maladie, des violences. Il apporte quelques milliards de dollars. Son prédécesseur Clinton avait lui aussi visité plusieurs pays et tenté de se créer une zone d'influence en Afrique centrale : l'Ougandais Museveni était alors présenté comme le bon élève des institutions internationales, redressant son pays ravagé par un quart de siècle de violence. Ce fut pour s'engager dans la guerre de conquête au Congo et se heurter à son ancien allié Kagamé, devenu le maître du Rwanda.
La paix en Afrique est inséparable du développement. C'est ce que proclamait Paul VI dans l'encyclique Populorum progressio : le nouveau nom de la paix est le développement. Cela suppose des changements culturels très profonds et donc beaucoup de temps. L'Europe pourrait aider et soutenir ces changements si elle-même n'était pas en rupture avec ses racines chrétiennes...
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