Source [Le Figaro] : L’ÉDITORIAL DU FIGARO - Ce drame de Nanterre, c’est la crainte secrète qui hante tous les gouvernants. Dans l’abandon généralisé, les forces de l’ordre restent en première ligne: c’est une poudrière qui attend l’étincelle.
«Rien ne justifie la mort d’un jeune», a dit le président de la République. C’était là l’expression de l’humanité la plus élémentaire. «Inexcusable», a-t-il poursuivi, condamnant de fait le policier qui a tué le jeune Nahel. Étrange pratique de la présomption d’innocence. Les images sont terriblement choquantes, mais la justice n’est pas une capture d’écran ; c’est elle, pas Emmanuel Macron, qui déterminera si le geste homicide de ce policier est coupable. Le serait-il, pourquoi déclenche-t-il automatiquement l’embrasement d’une partie de nos banlieues? La France est un État de droit, et c’est à la justice de prononcer la sanction. Pour les bavures policières, elles sont exemplaires.
«Rien ne justifie que l’on brûle des voitures, des écoles, l’antenne d’une mairie», aurait donc dû poursuivre le garant de l’ordre public. Il ne l’a pas fait. Son verbe incertain l’éloigne de Nicolas Sarkozy et le rapproche de François Hollande. Vision univoque d’une République présumée coupable face à la «jeunesse» des «quartiers». Rhétorique friable qui, au nom de l’émotion, oublie de condamner des violences indéfendables. L’émotion fut grande après les attentats, la décapitation de Samuel Paty, l’attaque d’Annecy. Personne pourtant n’a brûlé la voiture de son voisin, incendié des poubelles, balancé des cocktails Molotov.
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