Au fil du temps, éclot, en ces terres oubliées et blessées d’Afrique, une pensée mesurée, cohérente, solide et résistante à la décadence.

« Fermer le robinet » de l’immigration. « Pas juste sécher mais fermer le robinet ». Ces mots auraient pu sortir de la bouche d’un député LR ou FN que certains médias se seraient empressés de classer consciencieusement au classeur F de « fasciste » dans le tiroir « xénophobe » de la rangée « nauséabonde ». Problème : ils ont été proférés par un Africain on ne peut plus noir : le cardinal ghanéen Peter Turkson.

Cette déclaration est vraie dans son image : elle est parlante, simple, directe et surtout juste. L’immigration en Europe, depuis quarante ans, est effectivement un flot continu coulant de plus en plus fort d’un gros réservoir africain plein à craquer dans un lavabo européen fort joli, mais bien petit et surtout bouché. Et jusqu’ici, les pauvres politiques migratoires – minées, soit dit en passant, par les juridictions européennes et les menées d’ONG agissant au-dessus des lois – n’ont, de fait, été jusqu’à présent que du séchage avec une serviette éponge déjà imbibée.

Elle est vraie, aussi, dans sa logique : le prélat sait que cette immigration de masse est l’arrêt de mort de l’Europe. Mais il sait aussi que cet arrêt de mort est recto-verso, qu’à son envers figure le nom de l’Afrique. Ces populations jeunes et dynamiques n’auront aucune motivation à faire fructifier la terre que Dieu leur a donnée tant que luiront à l’horizon les feux d’une Europe riche comme un puits, prospère, sûre, confortable… et dont il suffit littéralement de pousser la porte.

 

Un puits qui risque fort de s’assécher à force d’être pompé par tous, laissant tout le monde dans la mouise. Ou dans la vase.

Elle est vraie, enfin, chrétiennement : c’est un cri de vérité, seule chose qui compte pour un chrétien, et d’autant plus pour un successeur des apôtres. Si domine malheureusement, en Occident – Rome comprise – un discours totalement irresponsable sur les questions migratoires, ici, chaque chose est remise à sa place : la charité commande d’aider les autres, mais aider les autres, ce n’est pas se suicider. Entre donner son sang et se tailler les veines, il y a une légère différence. Donner une moitié de son manteau de légionnaire, ce n’est pas se dessaisir entièrement de son armure, armes, casque et insignes d’un grade et d’un rang dont il ne vous appartient pas de disposer.

Le cardinal Turkson, après avoir dit ce que n’est pas la charité véritable, décrit concrètement à quoi elle ressemblerait : aider les Africains chez eux. La question n’est même pas celle d’une responsabilité des anciens pays colonisateurs (responsabilité n’étant pas culpabilité, rappelons-le) : il incombe simplement aux pays riches d’aider les populations moins bien loties. Et cela vaut quelles que soient les responsabilités respectives des Européens et des Africains dans le déséquilibre de leur condition. L’Église a montré la voie en érigeant partout en Afrique des écoles, universités, patronages, manufactures diverses là où les gouvernements laïcs ne se souciaient, en général (du moins dans un premier temps), que de mines, de bois et de chemins de fer.

Seule cette forme de charité serait utile, c’est-à-dire propre à résorber les problèmes auquel fait face ce continent sinistré. Rien à voir avec le fait de se laisser tout bonnement envahir.

Nous constatons, au fil du temps, à quel point éclot, en ces terres oubliées et blessées d’Afrique, une pensée mesurée, cohérente, solide et résistante à la décadence ; un contraste salutaire avec les ineffables « conférences des évêques » européennes, dont les silences coupables succèdent aux compromissions. Le cardinal Sarah en est le meilleur exemple ; ce n’est visiblement pas le seul.

Source : Boulevard Voltaire