Source [Le Salon Beige] La décapitation du professeur de Conflans a été suivie du cri d’Allah Akbar. Qu’on le veuille ou non, ce drame rappelle que les religions n’ont pas toutes le même rapport à la violence.
Le père Danziec rappelle dans Valeurs Actuelles que toutes les religions ne se valent pas.
« Plus jamais ça. » Vraiment ? Après la décapitation en pleine rue et au grand jour de Samuel Paty, la ritournelle indignée du « plus jamais ça » finit par relever du morbide. Après Charlie et le Bataclan, passée la sidération première, le refrain a perdu de sa superbe. Depuis 2015, sur le bord du chemin de l’islamisme, il faut le dire : ce n’est pas l’islamophobie qui tue. « Plus jamais ça » ? Mais qui peut vraiment continuer à croire que l’indignation, à elle seule constitue une réponse adaptée face aux cadavres, aux égorgements, aux rafales de kalachnikov, aux coups de couteaux ? Sur la gamme du tragi-comique, Ray Ventura pouvait faire rire en chantant « Tout va très bien Madame la Marquise », la répétition prostrée du « plus jamais ça » dit quant à elle combien notre société postmoderne, aveuglée et sans repères profonds, ne comprend toujours pas ce à quoi elle est confrontée.
De façon prophétique – mais qui le dira aujourd’hui ? – le pape Benoît XVI avait tenté d’expliquer, lors de son fameux discours de Ratisbonne en 2006, que ce ne sont pas la religion et la violence qui vont de pair, mais bien la religion et la raison. En citant un dialogue qui s’est déroulé à la fin du XIVème siècle entre le docte empereur byzantin Manuel II Paléologue et un Persan cultivé, on se souvient les foudres que s’était attiré alors le Souverain Pontife. Il relatait la discussion qu’avaient eue les deux personnages à propos du christianisme et de l’islam, et sur la vérité de chacun d’eux. L’empereur, nous dit Benoît XVI, s’adressa à son interlocuteur sans ambages en l’interrogeant sur la question centrale de la relation entre religion et violence :
« Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait. »
L’empereur, après s’être prononcé d’une manière bien différente des discours édulcorés contemporains, expliquait ensuite minutieusement les raisons pour lesquelles la diffusion de la foi à travers la violence ne pouvait qu’être une chose déraisonnable. En citant ainsi Manuel II Paléologue, on voit bien que Benoît XVI, avec douceur, s’attachait à montrer par contraste, combien l’âme du christianisme est toute autre. Toute la Tradition de l’Eglise, n’en déplaise à ses contempteurs, enseigne que la violence est en opposition avec la nature de Dieu et la nature même de l’âme. Le rapport à Dieu ne saurait en effet résider dans la contrainte ou la soumission mais bien dans l’amour et le don libre de soi-même. Le New York Times avait alors qualifié les propos du pape Benoît XVI à Ratisbonne de « dangereux et tragiques ». Comme par hasard, c’est le même journal qui, tout récemment, vient d’euphémiser la mort par décapitation du professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine en titrant « La police française tire et tue un homme après une attaque mortelle au couteau »…
Il y a un an, à la suite de l’attentat à la préfecture de Paris, Alexis Brézet fustigeait dans un éditorial enlevé du Figaro, l’aveuglement des intelligences qui brouille la perception de la menace islamiste et désarme les esprits. « Si nous n’avons rien vu venir, c’est que nous n’avons rien voulu voir », écrivait-il. Et il caractérisait le mal intellectuel contemporain par un néologisme qui, hélas, n’a rien perdu de son actualité : le “dénislamisme”. Ce dénislamisme, le romancier algérien Boualem Sansal, censuré dans son pays, s’évertue justement à le mettre en pièce. Dans un entretien qu’il vient d’accorder à L’Express, il donne des éléments en mesure de redonner la vue aux plus bornés. Que celui qui a des oreilles entende…
« L’islamisme est un Etat souverain, un Etat qui n’a pas de territoire propre, pas de frontières, pas de capitale, pas de citoyens mais des fidèles unis dans la Oumma, présente dans toutes les régions du monde, dans la maison de l’islam et dans la maison de la guerre, pas de constitution mais la charia tirée du saint coran et des hadiths authentiques. Ses soldats, policiers, juges et bourreaux ne sont pas fonctionnaires mais les fidèles eux-mêmes, sans lien hiérarchiques entre eux. Allah ordonne à chaque musulman, où qu’il soit dans le monde, d’œuvrer par tous les moyens à l’expansion de l’islam, de le défendre au prix de sa vie, de combattre les mécréants et de châtier les blasphémateurs et les apostats. »
Dans son ouvrage L’Islam des interdits (Desclée de Brouwer), l’islamologue Anne-Marie Delcambre ne dit pas autre chose. En spécialiste avisée, elle n’a eu de cesse de rappeler que, justement, « l’islamisme, c’est l’islam des textes ».
Au regard de ces lignes, on comprend mieux pourquoi la communauté musulmane dans son ensemble n’a ni condamné la décapitation de Samuel Paty ni été à l’initiative d’un rassemblement saluant la mémoire et le courage de ce professeur victime de la barbarie… Force même est de constater que les chaines d’informations en continu comme les stations de radio, peinent à trouver un discours commun parmi les différents représentants de l’islam en France, et ce malgré leurs efforts à citer, çà et là, des personnalités musulmanes. La mise en cause d’un membre du Collectif conte l’islamophobie en France (CCIF) dans le drame de Conflans suffit à elle-seule à souligner les ambiguïtés qui entourent l’univers de l’islam en France.
Lorsque le journaliste du groupe TF1-LCI, Julien Arnaud, lâche : « Combien de fois va-t-on dire “plus jamais ça” ? C’est ma ville Conflans, j’y ai grandi. Et je ne peux même pas dire que je suis surpris », il ne se fait pas seulement le porte-voix de l’épouvante, du dégoût, de l’épuisement ou de la rage qui habite un nombre croissant de français à l’endroit de l’islam. En affirmant ne pas être surpris de la décapitation d’un professeur, en pleine rue et en plein jour dans la ville dont il est originaire, Julien Arnaud sous-tend ce que dit de façon claire et concise un Philippe de Villiers. Pour le fondateur du Puy du Fou, combattre le terrorisme sans interroger l’immigration, relève de l’imposture, « parce que l’immigration est le terreau de l’islam, qui est le terreau de l’islamisme, qui est le terreau du terrorisme ». Les faits sont là : Abdullah Anzorov, le Tchétchène islamiste qui a tué et décapité le professeur de Conflans-Sainte-Honorine, s’était vu accorder par la République française le statut de réfugié, tandis que cette même demande d’asile lui avait été auparavant refusée par la Pologne. N’est-ce pas pourtant cette politique de vigilance, tant décriée par la progressiste Union Européenne, qui permet à la Pologne d’avoir l’un des taux d’insécurité et de viols les plus bas en Europe ?
Dans la ligne de Benoît XVI et de son discours de Ratisbonne, le personnel ecclésiastique gagnerait, lui aussi, à sortir sinon du déni, au moins d’un silence qui pourrait paraître coupable. Immigration, terrorisme, islamisme sont des sujets bien trop graves pour n’être abordés que de façon irénique par les hommes d’Eglise. Délivrer un discours fort, précis et sans concession à propos de l’islam devient une urgence. Sous peine d’être, dans un proche avenir, accusés de compromission, il est du devoir des pasteurs de rappeler que non, toutes les religions ne se valent pas.
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