Les catholiques font le plein pour les pèlerinages de Pentecôte. Le Paris-Chartres a rassemblé 16 000 fidèles, un record, et le pèlerinage ralliant Chartres à Paris plusieurs milliers. En France, il s’agit donc d’une vingtaine de milliers de catholiques, avec une moyenne d’âge très jeune, qui se sont rendus sur les chemins pour prier.

Alors que le Vatican et une partie des évêques de France ont entamé la mise en place d’un apartheid liturgique, les catholiques attachés au rite et à l’enseignement traditionnel de la religion catholique répondent présents pour prier.
Avec une vingtaine de milliers de catholiques dits « traditionnalistes » sur les routes de Chartres et Paris, c’est un véritable retour de flamme auquel font face les autorités vaticanes et leurs préfets modernistes. En 2021, le pape François publiait le motu proprio Traditionnis custodes qui restreignait les possibilités de dire la messe dans le rite de Saint Pie V. Un motif de tristesse et de vexation pour nombre de catholiques engagés au sein de la vie de la cité.

 

L’évangélisation par la tradition

 
Si le mouvement traditionnaliste est essentiellement français, il s’exporte aussi à l’étranger et notamment aux Etats-Unis. Le pèlerinage de chrétienté (de Paris à Chartres) comptait parmi ses fidèles 1 500 étrangers venus du monde entier avec 28 chapitres (groupes de prière et de marche). A l’heure où le message catholique peine à convaincre en Occident et pendant que les églises se vident en France, le regain de forme des « tradis » s’inscrit dans un mouvement de fond. Touchant un public plus jeune et connaissant une véritable dynamique en matière de vocation, les catholiques dits « de tradition » sont un moteur de l’Eglise de France. Pour autant, un certain nombre d’évêques ne veulent pas de ces catholiques. Toujours encline à l’ouverture, une arrière-garde vieillissante semble quant à elle moins disposée à la charité quand il s’agit de se l’appliquer.
 

Un conflit religieux quasi générationnel

 
Avec une moyenne d’âge des participants estimée à 20 ans et demi par Le Figaro, le pèlerinage reflète aussi une opposition que l’on peut retrouver dans la société française. D’un côté, un monde vieillissant représenté entre autres par des évêques et les structures ecclésiastiques « régulières » qui ont en main le denier du culte, les églises et l’oreille de Rome. De l’autre, des structures plus jeunes ayant renoncé au relativisme induit par le concile Vatican II. Parmi eux, la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X qui a consommé une certaine rupture avec Rome ainsi que des instituts et fraternités restés en « pleine communion » avec Rome grâce à des négociations. Aujourd’hui mises en danger, ces poches de traditions dans l’Eglise doivent souvent faire beaucoup avec peu. Privées d’églises et parfois de sacrements, elles sont même parfois jetées en pâture aux médias comme ce fut le cas avec l’évêque Aupetit à Paris qui avait évoqué un « petit business dans leur coin » à propos des prêtres qui continuaient à dire la messe pendant les confinements.
 
Aujourd’hui, ceux qui ont fait ce petit business rassemblent des foules de jeunes chrétiens. Porteuse d’espoir, la réussite des pèlerinages de Chartres ne marque cependant pas la fin de la guerre liturgique qui s’annonce et devrait même agacer les évêques hostiles. Autre risque pour les catholiques attachés à la tradition : se croire un peu trop beau et s’imaginer davantage en avant-garde qu’en disciple du Christ. Les persécutions dont ils sont et seront victimes par des prélats zélés seront là pour leur rappeler. 
 
Olivier Frèrejacques

Délégué général de Liberté Politique