Source [Causeur] Le Suisse Didier Pittet a remis mardi 18 mai à Emmanuel Macron une évaluation complaisante des « forces » et « faiblesses » de la France face à la crise sanitaire.
Au décours de la première épidémie de Covid-19 du printemps 2020 et la série de ratés sur la gestion française de la crise, le chef de l’État a nommé le 25 juin 2020 le médecin Suisse Didier Pittet pour rédiger un rapport sur la qualité de la réponse des pouvoirs publics, considérant les aspects sanitaires, économiques et sociaux. Le rapport final est rendu public en mai 2021.
On peut en tout premier lieu se demander pourquoi confier une mission gouvernementale française à un médecin étranger exerçant à l’extérieur du territoire, donc nécessairement moins au fait des arcanes du système de santé français, alors que toutes les compétences scientifiques existent en France. Didier Pitet exerce comme médecin chef du service de prévention et contrôle de l’infection aux hôpitaux universitaires de Genève. Il est connu pour avoir recommandé l’utilisation d’une solution hydroalcoolique à l’hôpital afin d’éviter les infections dites nosocomiales, c’est-à-dire contractées à l’intérieur de l’hôpital. Sa compétence est bien réelle dans le domaine particulier de l’hygiène hospitalière, mais celui-ci n’a strictement rien à voir avec le domaine du contrôle des épidémies en population générale et de l’évaluation des mesures de santé publique contre les pandémies. Confier à un spécialiste en hygiène hospitalière une mission sur l’évaluation de la gestion de la crise sanitaire est aussi logique que de confier en Juin 1944 à un spécialiste du nettoyage des casernes la responsabilité d’évaluer la stratégie militaire du débarquement de Normandie !
On pourrait s’attendre à ce que l’expertise spécifique nécessaire à la mission soit apportée par les coauteurs du rapport. Cela n’est malheureusement pas le cas. Un chat appelant un chat, le seul médecin en santé publique co-auteur du rapport est aussi un expert en… hygiène hospitalière. Les trois autres co-auteurs sont une économiste de l’OCDE, un énarque président de la Cour des comptes, et une médecin chercheur en sciences sociales.
Il faut admettre qu’il est difficile pour le grand public de comprendre les subtilités des spécialités et sous-spécialités médicales et scientifiques. Les médias s’y perdent allègrement depuis le début de la crise sanitaire en présentant des « épidémiologistes » comme d’hypothétiques spécialistes des « épidémies ». Pourtant l’étymologie commune du grec demos (peuple) ne fait pas le synonyme. L’épidémiologie est l’étude de la répartition et des facteurs de risque des maladies. La très grande majorité des épidémiologistes occidentaux interviennent sur l’étude des maladies chroniques et très peu sont compétents dans l’étude des épidémies pour la bonne raison qu’elles sont rares sous nos latitudes. À plus fortes raisons, les virologues, immunologues, réanimateurs, modélisateurs ou urgentistes ne sont pas non plus des spécialistes des épidémies.
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