Mathieu Bock-Côté: «Éloge du Puy du Fou»

Source [Le Figaro] Le parc de Philippe de Villiers est indissociable d’une mémoire longtemps enfouie, mais aujourd’hui réactivée.

Samedi dernier, le 15 août, le Puy du Fou, le renommé parc à thème historique de Philippe de Villiers, a obtenu une dérogation préfectorale dans le cadre de la représentation de La Cinéscénie , son spectacle à grand déploiement qui récapitule l’histoire de France. Cette décision a suscité la controverse: pourquoi disposait-il de ce privilège? L’indignation se voulait sanitaire. Mais on devinait aisément que, pour plusieurs, cette indignation en cachait une autre. Car depuis le début de la pandémie, les exigences liées à la sécurité sanitaire sont à géométrie variable. Il suffit de se rappeler des manifestations «antiracistes» du mois de juin pour s’en convaincre. Elles furent tolérées et même encouragées au nom de l’«émotion légitime et planétaire» par Christophe Castaner. Apparemment, il faut brandir l’étendard idéologique autorisé pour se rassembler en temps pandémiques.

Et c’est parce qu’il ne se range pas sous la bannière du progressisme officiel que le Puy du Fou est la cible récurrente de la gauche idéologique qui, régulièrement, cherche à le déconsidérer et même à le présenter comme une entreprise inquiétante, peut-être même malfaisante. Encore en juin, sur le site de France Culture, on dénonçait dans une novlangue parfaitement maîtrisée «une instrumentalisation fantaisiste et mensongère de l’histoire au service d’un projet réactionnaire». Cette polémique menée à même le service public suffit à rappeler à quel point l’entreprise de Philippe de Villiers heurte intimement le progressisme dans sa prétention à exercer un monopole narratif sur le récit historique légitime.

Le Puy du Fou est un parc en dissidence à ciel ouvert, indissociable d’une mémoire longtemps enfouie mais aujourd’hui réactivée. Ce qu’on lui reproche, c’est de rendre vivante et charnelle une histoire de France qui n’est pas enfermée dans la téléologie révolutionnaire. Elle est abordée à partir de l’expérience vendéenne, qui représente, on l’oublie souvent, le dévoilement premier d’une tentation funeste qui anime la modernité, la poussant à éradiquer les catégories sociales qui ne se laissent pas reprogrammer dans ses catégories «émancipatrices». Les Vendéens étaient jugés bons pour les poubelles de l’histoire, à la manière de populations retardataires, incapables de se délivrer de leurs préjugés, et indésireuses de le faire. Il n’est pas interdit de croire que les sociétés occidentales souhaitent réserver symboliquement le même sort à leurs peuples qui tardent à se convertir à la mondialisation multiculturelle, même si elles misent désormais sur la rééducation idéologique pour parvenir à leurs fins.

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