L'intégration, une illusion ? Ces données qui montrent à quel point les immigrés vivent séparés du reste des Français

Source [Atlantico] : Si les trajectoires individuelles d’intégration sont évidemment possibles et loin d’être marginales, des données de France Stratégie dressent un tableau révélateur de la concentration des immigrés ou enfants d’immigrés. Comment s’intégrer sans vivre au milieu des Français ?

Atlantico : En 2020, France Stratégie publiait « L’évolution de la ségrégation résidentielle en France : 1990-2015 ». Que nous apprennent ces données sur la concentration des immigrés ou enfants d’immigrés ? A quel point vivent-ils concentrés, voire isolés du reste de la population ?

Pierre-Yves Cusset : Pour mesurer à quel point une catégorie de population est « ségrégée », c'est-à-dire inégalement répartie au sein d’une agglomération, nous utilisons un indice qui évalue le pourcentage des membres du groupe étudié qui devraient changer de quartier de résidence pour que le poids de ce groupe soit le même d’un quartier à l’autre. Dans les grandes agglomérations de France métropolitaine, les immigrés d’origine européenne et leurs enfants sont répartis de façon très homogène. Les immigrés d’origine extra-européenne et leurs enfants sont répartis de façon plus hétérogène l’indice de ségrégation des 25-54 ans immigrés d’origine extra-européenne était de 33 % en 2015, celui des moins de 18 ans vivant avec au moins un parent immigré extra-européen de 38 %. Concrètement, cela veut dire que 38% des enfants d’immigrés extra-européens devraient changer de quartier si l’on voulait égaliser leur poids parmi les 0-18 ans dans tous les quartiers. Notons que les enfants de cadres présentent un indice de ségrégation du même ordre de grandeur. 

Lire la suite