L'inquiétant instinct de mort du Président

Il est permis de considérer que les difficultés internes de la présidence Macron portent sur des sujets d’une gravité relative. L’affaire Benalla pose la question d’un favori promu à des responsabilités disproportionnées par rapport à son âge et à ses capacités, celle d’anomalies de procédure dans l’enquête menée sur lui, celle et de l’affleurement de connexions  équivoques. Qu’elle ait commencé parce que l’intéressé s’acharnait sur un homme à terre témoigne certes de moeurs bien étranges. Les principales raisons du mécontentement  intérieur restent cependant  très classiques : la CSG de personnes âgées, l’alourdissement des impôts sur les classes moyennes, le ralentissement économique.

Les  excentricités du Président (Fête de musique, visite à Saint Martin)  portent atteinte à l’image de sa fonction sans avoir rien de bouleversant .

Le plus inquiétant dans le personnage, peu connu du grand public, touche aux affaires internationales ; c’est sur ce champ que l’on peut déceler un curieux attrait pour ce qui touche à la mort.

Le signe le plus flagrant en est la nouvelle amitié de Macron avec Kagame, le dictateur du Rwanda . En termes d’ intérêt national, rien ne justifiait que le président français soutienne la candidature de Mme Mushikiwabo, ministre des affaires étrangères de ce pays au poste de secrétaire général de la Francophonie.  Kagame a amplement montré à quel point il détestait la France au point de remplacer le français comme langue d’enseignement  et officielle par l’anglais et d’adhérer au Commonwealth. Depuis 25 ans, il charge à jet continu, sans nul fondement, l’armée française des crimes qu’il a commis, lui.  

Sa tyrannie est effrayante, ce qui n’empêche pas beaucoup de fonctionnaires internationaux, naïfs ou voulant l’être, d’admirer la gouvernance d’un pays où les rues sont aussi propres qu’en Corée du Nord.

Il est surtout aujourd’hui de mieux en mieux  établi que le tyran Kagame n’est pas seulement, comme il l’a longtemps fait  croire, l’ homme qui a sauvé l’ethnie tutsi à laquelle il appartient d’un génocide opéré  par les milices de l’ancien président  hutu, Juvénal Habyarimana, à l’annonce de sa mort. Il  est d’abord celui qui a déclenché les massacres du Rwanda en envahissant sans légitimité ce pays en 1990. Il est ensuite celui qui a fait abattre l’avion qui transportait le même Habyarimana et le président du Burundi, Cyprien Ntaryamira, deux hutus, le 6 avril 2014, attentat qui a marqué le point de départ des massacres les plus médiatisés. Il est surtout celui qui, une fois vainqueur, a engagé des représailles de masse contre les Hutus (93 % de la population).  Massacres des Tutsis  proches de Kagame : entre 300 000 et 400 000 victimes ; massacres de Hutus et aussi de Congolais par les soldats de Kagame : entre 4 et 8 millions.

Kagame est pourtant le nouvel ami de Macron : il lui a déroulé le tapis rouge  à l’Elysée, le 23 mai dernier, il l’a à nouveau rencontré à l’ONU fin septembre, il a enfin  imposé au forceps sa candidate francophobe à la tête de la Francophonie au sommet d’Erevan. Etrange rencontre dans la capitale de l’Arménie du premier grand génocide du XXe siècle avec le dernier, celui des Rwandais hutus, dans un siècle qui en aura connu beaucoup.

Autre terrain miné : la Syrie.  Alors qu’il est  acquis aujourd’hui que le président Assad,  que pendant sept ans l’OTAN a tenté de renverser en appuyant les rebelles djihadistes, restera en place, qu’avec ses alliés, russes et iraniens, il a pratiquement gagné la guerre, Macron fait partie, aux côtés du clan Obama-Clinton encore puissants dans l’administration américaine, des jusqu’au-boutistes qui  tentent par tous les moyens de la prolonger.  Trump, lui, veut que les troupes américaines évacuent progressivement la Syrie. Macron lui, a renforcé les  troupes françaises qui se trouvent au nord du pays.   Au retour de son voyage aux Etats-Unis, le président français  s’est vanté d’avoir convaincu Trump d’y laisser les siennes ; il s’est attiré un démenti cinglant.  Quel but poursuit-il ? Soutenir les derniers djihadistes retranchés à Idlib que le gouvernement syrien s’apprête à réduire ? Pourquoi ? Pour  les faire gagner  ? C’est évidemment trop  tard . Pour aider les Kurdes ? Ont-ils vraiment besoin de nous ? Cet engagement aboutit en tous cas à prolonger la guerre et par là les souffrances du peuple syrien.   

Inutile de dire que, pas davantage que dans l’affaire rwandaise, Macron ne sert les intérêts de la France qui ferait mieux de jouer l’apaisement et mettre ses entreprises en ordre de bataille pour reconstruire la Syrie.

Le même  Macron, en démantelant ce qui restait de la politique familiale et en soutenant l’immigration, accepte la mort de l’Europe.  En promouvant les pires excentricités sociétales comme la PMA et la GPA, il  est clairement du côté de ce que le pape Jean Paul II appelait la culture de mort.

Voilà un homme inquiétant.  

Roland HUREAUX