Brexit : qui est souverain ?

Source [RT France] Pour l'universitaire John Laughland, l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’UE n'a pas été rédigé pour préserver les intérêts de Londres – et c'est bien pour cela que le gouvernement britannique veut faire voter une loi sur le marché intérieur. A en croire à Michel Barnier, négociateur de l’Union européenne pour le Brexit, «l’accord de retrait permet d'apporter de la sécurité juridique et de la certitude là où le Brexit crée de l’incertitude. Il préserve les intérêts de l’Union.» La première partie de cette citation est fausse ; la seconde est, hélas, très vraie.

L’accord de retrait, ratifié début 2020 après de longues années de crise politique, pendant lesquelles une version antérieure de cet accord avait été rejetée à trois reprises par la Chambre des communes dans une série de défaites cuisantes qui ont mis fin à la carrière politique de Theresa May, a effectivement été rédigé pour préserver les intérêts de l’Union européenne. Il n’a pas été rédigé pour préserver les intérêts du Royaume-Uni, et c’est la raison pour laquelle cet accord est, de nouveau, l’objet de vifs débats à Londres.

En effet, le gouvernement britannique est en train de faire voter une loi qui aura comme conséquence que le Royaume-Uni aura le dernier mot sur ce qui se passe en Irlande du Nord, et non pas l’Union européenne.  Les intérêts de l’Union, tel que Michel Barnier et les 27 les perçoivent, sont d’empêcher à ce que le Royaume-Uni prospère comme Etat indépendant après le Brexit.

La bureaucratie bruxelloise a notamment peur qu’une Grande-Bretagne dynamique en dehors de l’UE ne donne des idées à d’autres pays membres, entraînant une désagrégation de l’Union. Quand ils emploient le terme péjoratif «Singapour» pour désigner ce qu’ils ne veulent pas que le Royaume-Uni devienne – une île très compétitive à quelques kilomètres du littoral européen – ils expriment leur hantise fondamentale de la concurrence économique, malgré leur attachement formel aux principes du marché. Ils montrent d’ailleurs aussi le caractère profondément anachronique de leur pensée : le Singapour est l’une des économies les plus développées au monde et non pas, comme ils semblent le croire, un atelier de misère.
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