« Pitié pour moi, ô Dieu, pitié pour moi, en toi s'abrite mon âme, à l'ombre de tes ailes je m'abrite, tant que soit passé le fléau. J'appelle vers Dieu le Très-Haut, le Dieu qui a tout fait pour moi ; que des cieux il envoie et me sauve, qu'il confonde celui qui me harcèle. » (Ps 57, 2-4)
Écrits en hébreu, 150 poèmes appartenant au judaïsme sont attribués à la tradition du roi David. Compositeur de nombreux hymnes, il inaugura l’histoire de la poésie juive que d’autres continuèrent, en particulier le roi Salomon. La tradition des Psaumes se prolongea, semble-t-il, jusqu’à la conquête de la Palestine par les Grecs avec Alexandre le Grand du temps d’Aristote, qui fut son précepteur. Le caractère extraordinaire du livre des Psaumes vient de son contenu, expression des sentiments de l’âme, là où tout homme se retrouve aux différents moments et mouvements de la vie, dans la joie ou la tristesse, le bonheur ou la détresse, la paix ou la colère.
Les Pères de l’Église les ont commentés, de même saint Thomas d’Aquin. Parmi eux, saint Hilaire, évêque de Poitiers au IVe siècle écrit que les Psaumes « doivent être compris de telle sorte qu’ils tiennent leur existence des espérances et des enseignements parfaits et achevés des biens éternels. » (Commentaire sur les Psaumes, n. 18)
Lors de l’Audience générale du 28 mars 2001, saint Jean-Paul II affirmait que les psaumes sont des « paroles utilisées par Jésus et présentes depuis des millénaires dans la prière d'Israël et dans celle de l’Église », et qu’il est « intéressant de reparcourir les Psaumes en considérant les divers sentiments de l'âme humaine qu'ils manifestent : joie, reconnaissance, action de grâce, amour, tendresse, enthousiasme, mais également souffrance intense, récrimination, demande d'aide et de justice, qui débouchent parfois sur de la rage et des imprécations. »
Puis Jean-Paul II ordonne l’être à Dieu, au Dieu Trinité : « Dans les Psaumes, il est question du Christ. En effet, Jésus ressuscité applique à lui-même les Psaumes lorsqu'il dit à ses disciples : ‘Il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes’ (Lc 24, 44). Les Pères ajoutent que dans les Psaumes, on parle au Christ, ou que c'est le Christ lui-même qui parle ». Saint Athanase écrit à Marcellin au IVe siècle, « alors que l'hérésie arienne sévissait, portant atteinte à la foi dans la divinité du Christ » et qu’aujourd’hui encore la foi chrétienne est gravement relativisée : « À ceux qui étudient vraiment le Psautier un trésor exceptionnel est donné. Dans le cadre de ce livre sont représentés et dans toutes leurs grandes variétés tous les mouvements de l'âme humaine. »
Dix ans plus tard, lors de l’audience générale du 16 novembre 2011, le Pape Benoît XVI renouvelait la signification profonde et la portée existentielle des Psaumes, dont voici quelques-unes de ses paroles : « Dans ce livre, toute l’expérience humaine avec ses multiples facettes et toute la gamme des sentiments qui accompagnent l’existence de l’homme trouvent leur expression... Dans la prière des Psaumes, la supplique et la louange se mêlent et se fondent dans un unique chant qui célèbre la grâce éternelle du Seigneur qui se penche sur notre fragilité... Les Psaumes sont donnés au croyant précisément comme texte de prière, qui a pour unique but de devenir la prière de celui qui les assume et avec eux s’adresse à Dieu... Ainsi, en priant les Psaumes on apprend à prier. Ils sont une école de la prière. »
En un mot, pour attester de l’actualité pressante des Psaumes, ils reflètent l’âme humaine dans les joies comme les épreuves de la vie, véritable école de prière de l’Église, ouverte aux laïcs, en communauté de préférence, mais aussi dans la prière personnelle de chaque chrétien : « Car toi, tu es Yahvé, Très-Haut sur toute la terre, surpassant de beaucoup tous les dieux. Yahvé aime qui déteste le mal, il garde les âmes des siens et de la main des impies les délivre. La lumière se lève pour le juste, et pour l'homme au cœur droit, la joie. » (Ps 97, 9-11)
Et « le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. » (Ps 51, 19)
Jean d’Alançon, master en théologie