La guerre en Ukraine est un drame européen. Dans ce conflit continental, la propagande joue à plein régime entre les belligérants mais aussi jusque chez nous, où les commentateurs semblent atteindre des sommets d’indécence.

La revanche des baltringues

 

Après une séquence médiatique sanitaire particulièrement pénible, où les donneurs de leçons de chaque camp assénaient leurs vérités avec une assurance déconcertante, la guerre d’Ukraine subit le même traitement. Sur les plateaux de télévision et sur les réseaux sociaux, la mesure semble ne plus exister, il s’agit de choisir un camp absolument. Une folie partisane qui imposerait à chacun de choisir entre la propagande du Kremlin et le narratif atlantiste.

Comme toujours quand il s’agit de géopolitique et de morale, l’inénarrable Bernard-Henri Lévy a mis le bleu de chauffe. Drapé de son attirail de philosophe aventurier, il dit voir dans le soldat ukrainien un descendant de la « chevalerie européenne », condamnant la Russie et criant victoire toujours un peu vite. Une lecture sans aucune mesure reprise en cœur par une armée d’éditocrates et autres politiciens va-t-en-guerre. Le point commun de ces croisés cathodiques et numériques ? Tous, ou presque, ont des physiques de dispensés de sport. Politiciens réformés du service militaire (pour cause d’adhésion à la LCR par exemple) ou anciens antimilitaristes, chroniqueurs ventripotents à trois doses, des profils de chair à canon qu’on aimerait voir en action sur le terrain.

 

Les récits mensongers des deux camps

 

En 2011, à l’occasion des événements libyens, BHL avait commis un ouvrage intitulé La guerre sans l’aimer, un titre évocateur et probablement un peu mensonger pour ce porte-parole des guerres américaines. Dans la lignée du philosophe de plateau, des idéologues de gauche comme de droite se succèdent pour réciter le catéchisme néoconservateur. A droite, les bavards le sont d’autant plus que, comme pour le Covid, cela permet de donner des gages de respectabilité.

Jamais il n’est question de la corruption de l’Etat ukrainien, jamais l’influence néfaste de l’Otan n’est dénoncée et les crimes de guerre de Kiev sont niés même lorsqu’ils sont révélés par des organisations comme Amnesty international. Le parti-pris est total, à tel point qu’il apparaît parfois contre-productif.
De l’autre côté de la pièce, les « pro-russes » français, qui ont trouvé refuge sur les réseaux sociaux, jouent une musique inversée, sorte de propagande bas-de-gamme dans laquelle Vladimir Poutine est idolâtré. Le narratif poutinien qui fait de la Russie le rempart de la tradition est gobé d’un seul bloc. Ces excités du Kremlin semblent oublier qu’un million de Russes sont atteints du Sida, que la GPA y a cours depuis 1995 et que la pratique religieuse n’est guère plus élevée qu’en France même si l’appartenance « identitaire » à l’orthodoxie est forte.

 

Raconter la guerre : les vrais héros ne sont (souvent) pas à la télé

 

Les deux « camps » en présence usent de l’outrance et tiennent finalement des positions qui peuvent être qualifiées d’extrémistes. 

Pour mieux comprendre la guerre en Ukraine, il convient de se garder de toute forme de sentimentalisme et, comme souvent, d’en revenir à ceux qui se rendent vraiment sur place. Ainsi, le grand reporter Régis Le Sommier s’en tient à une narration généralement descriptive. Autre source d’information : les associations humanitaires présentes sur place. Ainsi les volontaires de l’association Urgence Humanitaire (https://urgence-humanitaire.fr/) réalisent des missions sur place et témoignent, sans animosité et sans pour autant être dépourvus de convictions (en l’occurrence pro-Ukrainienne) de ce qu’il se passe en zone de guerre.