Clavius est un centurion romain chargé par Ponce Pilate, lui-même pressé par les juifs, d'enquêter sur la disparition du corps d'un juif surnommé Le Nazaréen. Il s’agit de prouver que celui-ci n’était qu’un mortel et qu’il n’est pas ressuscité. L'histoire se déroule à Jérusalem lors des 40 jours qui succédèrent à la résurrection du Christ. Ne retrouvant pas le corps, Clavius recherche les disciples afin d’élucider cette affaire…
Avec : Joseph Fiennes (Clavius), Tom Felton (Lucius), Cliff Curtis (Jésus de Nazareth), Peter Firth (Ponce Pilate), Leonor Watling (Christina), Stewart Scudamore (Pierre), Mark Killeen (Antoine), Pepe Lorente (Thaddeus), Jan Cornet (Thomas), Mario Tardón (André), Joe Manjó (Barthélémy), Stavros Demetraki (Philippe), Mish Boyko (Jean), Manu Fullola (Mathieu), Stephen Hagan (Barthélemy), Alberto Ayala (Jacques le Juste), Karim Saleh (chef des Zélotes). Scénario : Paul Aiello, Karen Janszen et Kevin Reynolds Directeur de la photographie : Lorenzo Senatore. Musique : Roque Banos
Un divertissement chrétien
Jusqu’à présent, aucun cinéaste ne s’était vraiment intéressé aux premières semaines des temps apostoliques. Voilà qui est fait. Mais d’où vient cet intérêt pour un sujet éminemment chrétien en ces temps d’apostasie ? Le très grand succès rencontré en Amérique du Nord (plus qu’en Europe où le film a été boudé par les distributeurs et les médias) par le très beau film de Dean Wright, Cristeros (2012), film chrétien destiné à un très large public, ainsi que celui quelques années plus tôt du film, La Passion du Christ (2004) de Mel Gibson et de l’évènement qu’il constitua, ont fait prendre conscience à certains producteurs et compagnies de cinéma qu’il existait un public et un « marché » pour le cinéma à thématique religieuse. Il en résulte qu’un mouvement s’est créé Outre-Atlantique et que certaines compagnies initient des productions dénommées « Faith based movies » (films basés sur la Foi) à destination de cette clientèle. Ainsi, Sony Corporation a créé une filiale Affirm films qui est dédiée à ce « marché » et qui est à l’origine de Risen. Il faut donc bien admettre comme postulat, que ces films destinés à un public large sont la plupart du temps des films à grande mise en scène cherchant une forme de compromis, ou d’équilibre, entre les exigences du sujet abordé et celle du commerce. C’est exactement le cas de La Résurrection du Christ qui est scénarisé et mise en scène comme un péplum tout en respectant le récit des évangiles de la Croix à l’Ascension. Aux commandes, derrière la caméra, on trouve d’ailleurs le réalisateur Kevin Reynolds qui s’est jusqu’à présent illustré dans le cinéma de divertissement avec Robin des bois, prince des voleurs (1991) et Waterworld (1995) tous deux avec Kevin Kostner en tête d’affiche, ou La Vengeance de Monte Cristo (2002) avec Jim Caviezel dans le rôle d’Edmond Dantès, celui-là même qui interpréta Jésus dans La Passion du Christ (2004) de Mel Gibson et qui depuis est cantonné à des rôles secondaires…Le résultat s’avère assez équilibré. En effet, s’il faut sacrifier à quelques séquences spectaculaires comme celle qui voit s’affronter des soldats romains et des juifs révoltés, ou comme celle de la Crucifixion, le péplum ne prend pas le dessus et le spectateur est clairement convié à suivre l’évolution intérieure du tribun Clavius, lequel s’éloigne des certitudes de son monde païen plus il avance dans son enquête pour retrouver Jésus et ses disciples.
L’esprit des évangiles
L’ensemble respecte les textes de l’évangile, nonobstant une touche apocryphe sans conséquence. Sur ce point, Jean-Christian Petitfils qui fait autorité en la matière, le confirme, précisant cependant au cours d’un entretien accordé au quotidien « Le Figaro » (03.05.2016) les quelques erreurs historiques que le film contient : « (…) Il n’y avait pas de soulèvements politiques au temps de Jésus. Il y avait eu une première grande révolte, en l’an 6, qui entraîna 2 000 crucifixions. Mais entre l’an 6 et l’an 66, plus rien (…) Barabbas était un brigand, disent les évangiles, non un factieux comme le prétend le film. Par ailleurs, il n’a jamais été question que Tibère vienne à Jérusalem, alors que dans le film, on attend sa visite (…) Marie Magdala, que le film présente comme une ancienne prostituée, (…) est une ancienne possédée qui a été libérée de sept démons (…)» La première erreur permet la séquence spectaculaire qui ouvre le film et introduit le personnage de Clavius, la troisième permet de créer une certaine tension dramatique, la quatrième, un rebondissement scénaristique. La question qui se pose alors est de savoir si ces erreurs sont préjudiciables et nuisent à la restitution de l’ambiance et des faits essentiels que sont la résurrection du Christ, ses apparitions aux apôtres et son Ascension. La réponse est non et l’esprit des évangiles est indéniablement respecté. A sa manière, le film illustre bien ce qui est écrit dans les Actes des apôtres I.I-II : « Et c’est encore à eux qu’il se montra après sa passion, leur prouvant de maintes façons qu’Il était vivant, leur apparaissant pendant quarante jours et leur parlant du royaume de Dieu. »
Un film missionnaire
L’intérêt du film réside dans l’observation de ces faits au travers du regard d’un non-croyant. De ce point de vue, le film proclame la vérité des évangiles et ne peut que susciter une réflexion chez des spectateurs non chrétiens, des agnostiques ou des athées. En cela, il s’agit d’un film résolument chrétien et engagé. Les quelques scènes violentes d’action, d’un réalisme qui peut heurter les spectateurs les plus jeunes et certains adultes, représentent très peu de temps par rapport à celui que le scénario consacre à l’enquête de Clavius, enquête qui insensiblement devient une quête. De sorte que le spectateur venu assister à un péplum se voit tranquillement mise en face d’une réalité et d’un vrai sujet de réflexion. C’est pourquoi la traduction du titre original est regrettable car elle risque de détourner une grande partie du public alors que le film présente sans doute plus d’intérêt pour des personnes non chrétiennes ou éloignées de la Foi. Sans doute aurait-il mieux valu traduire « Risen » par « Résurrection » ou « Ascension », sans en dire plus, le mot anglais se prêtant à ces deux traductions. Le film est bien réalisé sans qu’il soit nécessaire d’insister sur une mise en scène et une esthétique qui restent propres au genre. Si l’ensemble reste un bon cran en dessous de Cristeros ou de La Passion du Christ, en intensité comme en qualité et manquant d’une certaine finesse, si le personnage du Christ n’est pas très convaincant avec son côté « New-Age » et qu’il ne restera pas comme une de ses meilleures représentations au cinéma, le film mérite d’être vu pour son affirmation sans équivoque du christianisme et pour cette approche originale des tous premiers jours des temps apostoliques.
Bruno de Seguins Pazzis
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