En tant que créancier d’un certain nombre d’États d’Afrique et du Moyen-Orient, l’Arabie saoudite n’a eu aucun mal à rassembler une coalition hétéroclite de 34 États visant à lui donner le rôle illusoire de leader de la lutte anti-terroriste.
Aucun expert ne prend cette opération de marketing au sérieux : d’un point de vue géopolitique, l’Arabie saoudite associée à la Turquie se présente bien aujourd’hui comme le principal soutien financier du terrorisme islamique. D’un point de vue culturel, le désert d’Arabie Saoudite fabrique des prophètes depuis des siècles. Aujourd’hui, il les exporte.
L’État islamique ne pourra être défait que par ses opposants irréductibles : Iran, Syrie et Russie. La coalition islamique n’y changera donc rien.
Une opération de communication
Cette opération de communication est peut être destinée à amoindrir les scrupules des puissances qui fournissent à l’Arabie saoudite des armes de haute technologie. Mais cette annonce témoigne surtout d’un repositionnement diplomatique.
L’alliance solide nouée avec les États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale s’est aujourd’hui défaite. La preuve en est que l’Arabie saoudite casse le prix du pétrole afin de rendre non-rentable l’exploitation du gaz de schiste américain. Or l’Arabie saoudite était courtisée depuis plusieurs mois par la Russie afin d’adopter une attitude plus neutre vis-à-vis de l’État islamique.
Aujourd’hui, l’annonce d’une coalition islamique montre que les efforts diplomatiques russes n’ont pas abouti. Il faut donc s’attendre à un regain de violence au Moyen-Orient.
Thomas Flichy de La Neuville est membre du Centre Roland-Mousnier, CNRS - Université de Paris IV – Sorbonne.
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