Source [Institut Iliade] : Le Dictionnaire critique de l'Église, dont les notices furent rédigées par près de 80 chercheurs, s'inscrit résolument dans une démarche de fécondité : l'Église est par excellence lieu de notions et débats en sciences sociales.
Autorité, corps, émotions, gouvernement… Autant de réalités a priori évidentes. Elles furent pourtant objets de débats, de codifications et d’expériences ; fruits d’une histoire où les institutions chrétiennes furent longtemps décisives. L’ambitieux Dictionnaire critique de l’Église, en appréhendant la « forme-Église comme matrice et paradigme potentiel de toute société », propose un puissant éclairage sur l’évolution de la civilisation européenne. Sans esprit militant ; mais en considérant la capacité du christianisme à mettre en forme la réalité.
Le fondateur de l’anthropologie française, Marcel Mauss, consacra en 1909 sa thèse à la prière. « Fragment d’une religion », la prière « n’est pas seulement l’effusion d’une âme, le cri d’un sentiment ». Elle est essentiellement « un phénomène social ». Ne prononçant « que des phrases consacrées », elle « ne parle que de choses consacrées, c’est-à-dire sociales » (Marcel Mauss). Le père de la sociologie française moderne, Émile Durkheim, fit des représentations religieuses des représentations collectives, seules susceptibles d’assurer originellement l’unité de la société. Dépendants du sacré, les hommes ne s’en avéraient pas moins les maîtres des dieux – leur condition de possibilité. Les Formes élémentaires de la vie religieuse, publiées en 1912, établirent l’Église comme la forme première de la totalité sociale – individus et représentations s’unissant dans leur interdépendance. Michel Foucault et Michel de Certeau firent encore de l’Église et du christianisme la matrice d’un certain type de pouvoir ; d’existence ; de société et de culture. Le christianisme – et singulièrement son éthique, sa théologie morale – fut l’objet premier du cours de 1979-1980 au Collège de France de Foucault. Du gouvernement des vivants questionna la pratique chrétienne de la pénitence. Pour lui, l’Église ne se contenta pas de dominer, d’assujettir au fil des siècles. Appelant à distinguer les fautes et nourrissant l’espérance du mérite, elle favorisa simultanément le développement du sentiment de culpabilité-responsabilité, de l’intériorité et de la subjectivité.
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