La vie de saint Augustin de son adolescence à Thagaste dans l’Afrique du Nord romaine jusqu’à sa conversion à l’âge de 33 ans à Milan, puis à Carthage en 411 lorsqu’il est aux prises avec les donatistes et enfin lorsqu’il est âgé, évêque d’Hippone en 430, ville assiégée par les barbares vandales du roi Genseric.
Saint Augustin (Sant’Agostino) de Christian Duguay (2010)
Avec : Alessandro Preziosi (Augustin jeune), Franco Nero (Augustin âgé), Monica Guerritore ( Monique, la mère d'Augustin), Johannes Brandrup (Valerius), Götz Otto (Genseric, roi des Vandales), Francesca Cavallin (Justine impératrice, la mère de l'empereur romain Valentinien II), Dominic Atherton (Valentinien II, l'enfant empereur).
Scénario : Francesco Arlanch et Sebastian Henckel-Donnersmarck.
Directeur de la photographie : Fabrizio Lucci.
La Rai (Radiotelevisione italiana S.p.A), principal groupe audiovisuel public italien, est très certainement au monde la chaîne de télévision qui détient le record de production de films et téléfilms qui retracent des vies de saints. C’est le cas de ce Saint Augustin réalisé sous la forme d’un téléfilm d’une durée totale de 200 minutes et proposé en deux parties d’un peu plus d’une heure trente chacune. La réalisation est confiée au canadien Christian Duguay connu en France pour Jappeloup (2013). Son expérience du cinéma à caractère religieux dans le genre religieux est constituée d’un téléfilm sur Jeanne d’Arc en 1999 réalisé pour les Etats-Unis et d’un long métrage Pie XII, sous le ciel de Rome (2010) qui relate comment le Pape Pie XII sauva des milliers de juifs à Rome en 1943.
Pour cette vie de saint Augustin qui sort à présent en France en DVD à l’initiative de Saje Production, Christian Duguay et ses scénaristes choisissent de structurer les deux parties du film en deux longs flashbacks. Ainsi la première partie débute lors du siège d’Hippone en 430 par les vandales du roi Genseric, et cette séquence est suivie d’un long flashback qui retrace l’enfance et la jeunesse d’Augustin, sa formation et ses débuts comme avocat, jusqu’à son adhésion au manichéisme, pour se terminer par un cours passage en 430 durant le siège d’Hippone qui se poursuivra en début de la seconde partie avant de relater dans un second flashback son installation à Milan où il va se convertir au contact de saint Ambroise, son retour en Afrique à Carthage où se déroule la célèbre opposition avec les donatistes en 411. La fin de ce second flashback ramène donc le spectateur au siège d’Hippone pour en évoquer l’issue.
La première partie constitue la partie la moins réussie de l’ensemble. Marquée par une mise en scène plutôt prétentieuse à faire tourner la tête du spectateur avec des mouvements alambiqués de caméra, des angles de prises de vue à donner le vertige, des choix de couleurs peu esthétiques, une musique envahissante, et une insistance inutile sur les scènes d’orgies, oubliant qu’au cinéma, il n’est pas toujours nécessaire de montrer à l’image ce que l’on veut évoquer pour que le spectateur le perçoive… Toute cette première partie finit par donner une impression désagréable de péplum de série B. Heureusement, dans la seconde partie, le calme revient, la musique laisse place à des dialogues qui donnent une réelle dimension spirituelle à l’œuvre. Cette longue biographie de la vie du grand docteur de l’Eglise reste globalement fidèle et didactique pour les plus jeunes. Ainsi, l’épisode du vol des poires est bien relaté, comme les années à Carthage où le jeune homme étudie et se trouve confronté aux mœurs dépravées qui régnaient dans cette cité, son passage à Milan comme professeur de rhétorique à partir de 384, sa rencontre avec Ambroise, l’évêque de Milan, sa mère et sa femme qui l’y rejoignent, sa conversion, son baptême et sa disgrâce qui le suit, ou son rôle à Carthage pour contrer le donatisme. Enfin, au travers du récit du siège d’Hippone en 430 par les vandales menés par leur roi, Genséric, le cinéaste nous montre un saint Augustin théoricien de la guerre juste, bien interprété par Franco Nero (Tristana de Luis Buñuel en 1970, Toscanini de Franco Zeffirelli en 1987, Django Unchained de Quentin Tarantino en 2012, The Lost City of Z de James Gray en 2017), mais encore plus convaincant comme adulte interprété par Alessandro Preziosi (Le Mas des alouettes de Paolo et Vittorio Taviani en 2007). Cependant, concernant la fidélité aux faits, l’épisode qui montre Augustin avec la femme dont il eut un enfant, Adéodat, est sans doute quelque peu romancé car, en vérité, on ne sait que très peu de choses sur celle-ci. Selon certains, lors de son séjour à Milan, la mère d’Augustin incita son fils à la renvoyer, selon d’autre, celle-ci le quitta d’elle-même. La restitution du père du futur puis jeune Augustin est également sujette à caution, le rendant peu sympathique voire détestable. Au moment de la naissance d’Augustin, il est montré comme passant le plus clair de son temps à la taverne, jouant aux dés et dilapidant ses sesterces pendant que la future sainte Monique est prise des douleurs et que l’on craint même que l’enfant soit mort et qu’il faille réaliser une césarienne. Plus tard, il est montré comme un mauvais mari et mauvais père, même si au moment de mourir lui vient le désir de se convertir… Lorsqu’arrivé à Carthage pour étudier et débuter dans la vie active, il reçoit en cadeau de son ami riche qui l’héberge celle qui deviendra sa compagne, une belle esclave qui ressemble plus à une odalisque d’un harem musulman ; alors que nous somme quelque trois cents ans avant l’arrivée de l’Islam… Enfin, on pardonnera volontiers, car c’est sans conséquences sur le fond, quelques anachronismes comme la représentation de soldats romains à Milan en cette fin de 4ème siècle revêtus de l’équipement des légionnaires du Haut-Empire, qui prend fin au plus tard vers 235 après Jésus-Christ…
Quoiqu’il en soit, si le film n’est pas de la plus haute qualité, tant sur le plan artistique que sur le plan historique, il donne une bonne vision d’ensemble de la vie de saint Augustin, plaçant intelligemment la notion de Vérité (avec un grand V) au centre de la vie du saint, pouvant permettre de découvrir au moins cette immense figure de l’Eglise de Rome et d’approfondir ensuite l’enseignement de ce grand saint.
Mais qui mieux que le Saint Père, Benoît XVI, pour parler de ce film qui lui fut présenté en avant-première le 2 septembre 2009 à Castel Gandolfo avant sa diffusion : « A la fin de ce grand voyage spirituel, qui s'est réalisé dans le film que nous avons vu, je ressens le devoir de remercier tous ceux qui nous ont offert cette vision. Merci à la Télévision Bavaroise pour l'engagement abondant - et c'est une grande joie qu'une observation plutôt fortuite faite il y a trois ans, ait été le début d'un chemin qui a mené à cette représentation grandiose de la vie de Saint Augustin. Merci à Lux Vide et merci à la RAI pour cette réalisation. En réalité, il me semble que le film est un voyage spirituel dans un continent spirituel très loin de chez nous et cependant très près de nous, parce que le drame humain est toujours le même. Nous avons vu comment, dans un contexte très loin de nous, toute la réalité de la vie humaine est représentée, avec tous les problèmes, les tristesses, les échecs, comme aussi le fait que, à la fin, la Vérité est plus forte que n'importe quel obstacle et retrouve l'homme. Voici la grande espérance qui demeure à la fin : nous ne pouvons pas trouver seuls la Vérité, mais la Vérité, qui est une Personne, vient à nous. Extérieurement, la vie de Saint Augustin semble s'achever de manière tragique : le monde pour lequel et dans lequel il a vécu, est terminé, il est détruit. Mais comme on en a ici témoigné, son message est resté et, malgré les changements du monde, il perdure, parce qu'il vient de la Vérité et mène à la Charité, qui est notre destinée commune. Merci à tous. Nous espérons que beaucoup, en voyant ce drame humain, puissent être trouvés par la Vérité et trouver la Charité. » (Sources : www.vatican.va).
Saint Augustin distribué en DVD par SAJE Distribution est disponible :
- soit à la vente sur le site www.sajedistribution.com
- soit louable pour être regardé ligne sur lien https://www.lefilmchretien.fr/accueil/saint-augustin
Bruno de Seguins Pazzis
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