Source [Revue Elements] :
« Émerveille-toi et tu comprendras », dit l’évêque Hésychios de Jérusalem (Ve siècle). Le sens de l’exploration du labyrinthe poétique que pratique Rémi Soulié dans L’Éther, tel un Sylvain Tesson des lettres alchimiques, pour retrouver le chemin du Beau, se trouve sans doute là.
Retrouver le sens de l’émerveillement devant le monde. Le sens de la contemplation – un mot dans lequel il y a temple. Ce qui intéresse Soulié c’est la mère-veille. C’est la Beauté qui veille sur nous, et que nous devons veiller et vénérer. Faire et refaire le tour du beau, telle est la tâche. Et c’est tout Un avec la pensée, car la beauté est l’Un, et elle est l’Être. Mais pour redonner sa place à la beauté, il faut entrer dans l’arène. Il faut prendre parti dans la lutte des idées. Il faut se détourner de l’épistémologie de Descartes, lui qui nous dit : le monde, c’est un sujet connaissant et un monde connaissable. Il faut récuser ce dualisme – comme tous les dualismes. Il faut sortir de l’idée desséchante et d’un monde créé par un Dieu extérieur à ce monde, et ayant fait une fois pour toutes le don d’une beauté qui ne peut alors que s’altérer, se dégrader – ce que nous ne voyons que trop. À cela s’oppose ce que Hannah Arendt appelle la natalité, c’est-à-dire la création continue du monde, sa perpétuelle naissance et re-naissance.
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