Parution : Le réalisme politique. Principes et présupposés

Source [Institut Iliade] : La politique n’est-elle qu’une extension de la morale ou bien constitue-t-elle un domaine distinct, suivant ses propres lois ? C’est à cette question que répond Antoine Dresse dans cet essai consacré au réalisme politique.

Depuis toujours, en effet, l’homme souhaite subordonner ce qui est à ce qui devrait être, et c’est pourquoi les moralistes, les clergés, les idéalistes, les technocrates connaissent la tentation de soumettre cet « art des possibles » qu’est la politique à leurs lois. Pourtant, la politique est un éternel champ de déception pour eux, car elle ne correspond jamais à leurs attentes. Ne respectant que ses propres lois, la politique est rétive à se laisser enfermer dans les filets de l’idéal. Or, c’est de la constatation qu’il existe une hétérogénéité des fins entre morale et politique que naît le réalisme politique. Ce dernier ne constitue en rien une doctrine unifiée ni une école de pensée à proprement parler mais plutôt une sorte d’habitus, c’est-à-dire une disposition d’esprit qui vise à éclairer les règles que suit la politique.

Pour illustrer cette démarche et éclairer les présupposés sans lesquels il est impossible de penser le politique ni de cerner ses enjeux, Antoine Dresse s’attarde en particulier sur les intuitions majeures de Machiavel, de Thomas Hobbes et de Carl Schmitt. Un tel travail de clarification s’avère essentiel si l’on veut éviter les deux dangers principaux que présente la confusion entre morale et politique : que la politique soit absorbée par la morale et se dépolitise par conséquent, ou, pire encore, que la politique s’empare de la morale pour se donner bonne conscience et pouvoir justifier une œuvre faite de malhonnêteté, de ressentiment et de rapacité.

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