Mille neuf soixante-douze ans après la résurrection du Christ, les catholiques n'ont jamais été aussi nombreux : d'après le chiffre présenté cette année par le Saint-Siège, ils sont 1,086 milliard.

Leur chiffre a cru de plus de 8 % entre 2003 et 2004. Les prêtres sont plus de 400.000.

L'annuaire des statistiques pontificales 2005 de l'Église catholique indique une augmentation sensible du nombre de fidèles en Afrique (+ 4,5 %), alors qu'en Europe, qui compte 25,8 % de la population catholique du monde, la situation est stable. C'est l'Amérique qui est le plus continent le plus catholique avec 49,8% des fidèles de l'Eglise de Rome (Afrique = 13,2% , Asie = 10,4 ). On pourra penser que c'est l'Amérique du Sud et l'Amérique latine qui constituent les gros bataillons du catholicisme américain, mais on aurait tort de sous-estimer l'Eglise des Etats-Unis : plus de 150.000 Américains (États-uniens) rejoindront l'Eglise catholique cette année, lors de ce samedi saint.

Quant au nombre de prêtres dans le monde, même constat, même satisfaction : ils sont 405.450 dont 268.041 membres du clergé diocésain. On enregistre une progression modeste de 392 prêtres par rapport à 2002, en raison notamment d'une baisse de clergé religieux (moins 315). Plus intéressant pour juger de la vitalité de l'Eglise, le nombre d'ordinations sacerdotales : celles-ci ont toutes progressé, qu'elles soient sacerdotales ou religieuses (9317 contre 9247 l'année précédente). L'Amérique une fois de plus affiche les meilleurs chiffres : elle compte 37.191 séminaristes sur 112.373 (Europe = 24387, Asie = 27.931, Afrique = 21.909).

Et la France ?

Et la France ? Difficile de brosser un tableau enthousiaste du sacerdoce diocésain, même si les sources de renouveau sont bien identifiées. Depuis 1965, fin du concile de Vatican II, l'érosion ne cesse de s'aggraver. En 2002, le nombre d'entrées au séminaire (116) a été inférieur à celui des ordinations (132). L'effondrement est sans précédent historique (y compris par rapport à la période 1790-1801, qui correspond à l'Église constitutionnelle, imposée par la Révolution française).

Cet effondrement est marqué par 1/ une chute continue du nombre des séminaristes, et donc du nombre des prêtres. La moyenne d'âge des prêtres français ne cesse d'augmenter; il est actuellement de 67 à 72 ans selon les diocèses ; 2/ une chute sur une période incomparablement longue: au moins quarante ans, si l'on prend comme point de repère l'année 1965, qui marque la fin du concile Vatican II.

 

Trois éléments de statistiques contribuent à donner une idée de l'avenir du sacerdoce diocésain : 1/ les entrées en première année de séminaire ; 2/ le nombre total de séminaristes ; 3/ le nombre d'ordinations sacerdotales.

 

De 1966 à 2005, on distingue trois périodes :

 

1/ L'effondrement : de 1966 à 1975

 

- Les entrées en première année de séminaire : 1966 = 902 ; 1975 = 202

- Le nombre de séminaristes : 1966 = 4536 ; 1975 = 1297

- Les ordinations sacerdotales : 1966 = 566 ; 1975 = 170

 

2/ Un palier : de 1976 à 1995

 

- Les entrées en premier année de séminaire: 1976 = 215 ; 1995 = 204

- Le nombre de séminaristes: 1976 = 1180 ; 1995 = 1155

- Les ordinations sacerdotales: 1976 = 136 ; 1995 = 121

 

3/ Une nouvelle baisse : de 1996 à 2004

 

- Les entrées en première année de séminaire: 1996 = 180 ; 2004 = 135 (en 2002 = 116)

- Le nombre de séminaristes : 1996 = 1103 ; 2004 : 758 (773 en 2003 ; 831 en 2002)

- Les ordinations sacerdotales: 1996 = 128 ; 2004 = 90 (105 en 2003 ; 132 en 2002)

 

En 2002, pour la première fois, le nombre d'entrées au séminaire (116) a été inférieur à celui des ordinations (132). Or, en moyenne, sur deux séminaristes entrant en formation, un seul parvient à l'ordination. On peut donc prévoir, dans quelques années, environ 50 ordinations sacerdotales par an pour la France, contre une centaine actuellement. Il faut, toutefois, tenir compte du nombre croissant de séminaristes étrangers et des séminaristes qui se forment hors de France.

 

 

La situation des diocèses

 

- En 2002, les deux tiers des 92 diocèses de la France métropolitaine ont eu zéro ordination, ou seulement une seule. Ces 66 diocèses se répartissent ainsi :

* 36 diocèses : 0 ordination

* 30 diocèses : 1 ordination

 

- En 2004, la situation s'est aggravée. De 66 diocèses, on est passé à 75 :

* 51 diocèses : 0 ordination

* 24 diocèses : 1 ordination

 

On peut estimer que sur 92 diocèses, seuls 10 sont dans une situation satisfaisante ou assez satisfaisante : Paris, Strasbourg, Versailles, Lyon, Fréjus-Toulon et Belley-Ars. Situation assez bonne, mais fragile : Metz, Nanterre, Lille et Nantes.

 

Une exception notable, le diocèse de Paris : en 24 ans d'épiscopat, le cardinal Jean-Marie Lustiger - qui a fondé un séminaire diocésain en 1984 - a ordonné 230 prêtres. Actuellement, le diocèse de Paris compte 120 séminaristes.

 

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