Les Poils de Télérama ou le comble de l’hypocrisie

Source [valeursactuelles.com] Le numéro de juin de Télérama affichait en couverture un mannequin tout ce qu’il y a de plus classique, si ce n’était… ses jambes excessivement poilues. Les réactions ne se sont pas fait attendre : rangez ce poil féminin que je ne saurais voir ! La dynamique était lancée, les féministes ont pu ensuite crier à la censure du patriarcat. Entre puritanisme mal placé et non-combats hypocrites, il s’agirait peut être enfin de recentrer le débat sur de vrais sujets, comme l’articulation entre corps et politique, rappelle le mouvement féminin Les Antigones. 

Il est au mieux naïf, au pire hypocrite, de la part des militantes du poil à l’air de se dire choquées du dégoût que suscitent leurs images de jambes de femmes poilues, de sang menstruel ou de bourrelets et de cellulite. D’abord parce que le poil comme ces autres éléments du corps appartiennent dans l’imaginaire collectif occidental au domaine de l’intime et n’ont donc guère leur place en « une » d’un magazine ou sur les réseaux sociaux, et ensuite parce que nous vivons dans une société dont la norme esthétique en vigueur, c’est l’épilation des jambes et des aisselles féminines. On est en droit de discuter cette norme ; c’est hypocrite de s’attendre à ce que le grand public applaudisse à ce type d’images.

Nous leur accordons aisément le droit au mauvais goût et à la vulgarité ; il n’est pas du ressort du politique de juger de la qualité esthétique des images qui circulent sur les réseaux sociaux ou dans les média quels qu’ils soient. Il n’est pas non plus du ressort du politique d’aller gérer l’intimité de chacun.

Pour autant, nous ne pouvons souscrire à leur objectif déclaré de « dé-politiser » le corps féminin et de le libérer des soi-disant carcans oppressifs du patriarcat. Le corps a toujours été un objet et un enjeu politique, des canons esthétiques aux peines et châtiments. Nos aïeux ont eu aussi eu à composer avec des injonctions, et des jugements d’autrui sur leur apparence. D’abord parce que notre corps est notre premier rapport au monde et qu’il est ce par quoi nous perçoit autrui. Il est non seulement légitime mais naturel de juger l’autre sur son apparence. C’est parce que je tire des conclusions de ma perception que je peux savoir que celui que j’ai en face de moi est un enfant, un homme, une femme, une personne avec un handicap, un client, un supérieur… et ainsi adapter mon comportement en fonction de la situation.

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