Le scrutin du 7 juin révèle la profonde sensibilité écologique des Européens. Mais l'écologie contemporaine n'est-elle pas souvent schizophrène, quand la technique défend la nature et méprise l'humanité ? Mgr Crepaldi explique l'écologie selon Benoît XVI : la purification de l'homme précède la protection de la nature.
DANS SON HOMELIE de la messe de la Pentecôte, Benoît XVI a repris beaucoup d'idées intéressantes selon le point de vue de la doctrine sociale de l'Église. Comme nous le savons, le magistère a toujours situé l'écologie environnementale au sein de l'écologie humaine. La référence principale à ce propos est le paragraphe de Centesimus Annus où Jean-Paul II dit précisément que l'homme n'a pas seulement besoin d'un environnement naturel et propre, mais bien plus d'un environnement humain sain, où il puisse grandir dans les vertus et l'ouverture à Dieu. Puis, le Saint-Père désignait la famille comme la principale réalité au service d'une véritable écologie humaine.
Depuis lors, il est devenu habituel dans la doctrine sociale de l'Église d'établir systématiquement un lien entre la dégradation de l'environnement et la dégradation morale, la corruption de la nature étant toujours le résultat d'une déchirure du tissu humain de la société. Il s'agit d'un critère herméneutique très important, quand souvent on cherche à intervenir techniquement sur la nature pour éviter les catastrophes écologiques, mais au prix du respect de la vie ou la famille.
C'est la schizophrénie de l'écologisme, qui consacre tous ses efforts à sauver les bébés phoques mais pas les enfants conçus dans le sein maternel. La nature ne doit pas être considérée seulement comme le théâtre de nos interventions techniques — la technique seule ne nous préservera jamais de la dégradation de l'environnement — mais comme une voie d'humanisation, les hommes altérant les fondements naturels de leur unité finissant toujours par blesser l'environnement. L'homme a aussi une nature, la communauté humaine a des liens naturels, à commencer par ceux du mariage et de la procréation. La dégradation de la nature est toujours la conséquence d'une dégradation de l'homme [voir le livre de G. Crepaldi et P. Togni, Togni, Ecologia, ambientale ed ecologia umana. Dottrina sociale della Chiesa, Cantagalli, Siena 2007].
Dans son homélie de la messe de la Pentecôte, le 31 mai dernier, Benoît XVI est revenu sur l'argument liant écologie environnementale et écologie spirituelle. Il a parlé de la tempête et du vent, comme un symbole de l'Esprit Saint. Ce que l'air est à la vie biologique, a-t-il dit, le Saint-Esprit l'est pour la vie spirituelle et tout comme il y a une pollution de l'air qui empoisonne l'environnement et la vie, il y a une pollution de l'esprit et du cœur qui meurtrit et empoisonne l'existence spirituelle .
On dit aussi que c'est la liberté, mais tout ce qui intoxique et pollue l'âme finit aussi par limiter la liberté. Voici le lien spirituel entre l'écologie, l'écologie humaine et l'écologie environnementale. Sans le "vent" de l'Esprit, l'âme humaine s'intoxique et la liberté s'affaiblit, y compris pour gouverner la nature. Gouverner la nature est un devoir spirituel et moral avant d'être une tâche technique et matérielle : comment l'homme peut-il gouverner la nature s'il ne peut pas se gouverner lui-même ? La métaphore du vent impétueux, poursuivait le pape, suggère plutôt qu'il est utile de respirer un air pur — l'air physique avec ses poumons, et l'air spirituel avec le coeur, l'air sain de l'esprit qui est l'amour!
Avec cette déclaration sur l'Esprit-Saint, Benoît XVI a comme bouclé le cercle de l'écologie : l'écologie environnementale dépend de l'écologie humaine, mais l'écologie humaine dépend de l'écologie spirituelle.
*Mgr Crepaldi est secrétaire du Conseil pontifical Justice et paix, président de l'Observatoire international Cardinal-Van Thuân de la doctrine sociale de l'Église.
Source : Observatoire international Cardinal-Van Thuân de la doctrine sociale de l'Église.
© Traduction française : Libertepolitique.com
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