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Enracinés !

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Enracinés !
  • Auteur : Gabrielle Cluzel
  • Editeur : Éditions Artège
  • Année : 2020
  • Nombre de pages : 171
  • Prix : 15,00 €

Le nouvel essai de Gabrielle Cluzel entend rendre hommage au « charme discret de la bourgeoisie », systématiquement vilipendée aujourd’hui, dans un relent agressif de marxisme et de révolution permanente qui n’en finissent pas de faire des petits.

La bourgeoisie doit, si l’on peut oser l’expression, retrouver ses lettres de noblesse, en étant comprise comme l’ensemble des règles du bien-vivre en société, qui ont volé en éclats durant ces dernières décennies, et plus particulièrement depuis mai 68, et dont nous mesurons aujourd’hui cruellement l’absence, comme en témoignent les incantations répétées de nos politiques pour faire renaître un illusoire « vivre-ensemble ». Gabrielle Cluzel passe en revue tous les invariants du modèle social qui a eu cours pour tant de générations qui nous ont précédé et qui a fait, au modeste niveau du quotidien, la colonne vertébrale de notre pays, son charme comme sa puissance et son rayonnement. Son secret : la capacité à toujours relier des gestes mille fois répétés, apparemment anodins, mais pleins de sens, à la transcendance et à l’histoire.

Son ouvrage s’inscrit dans la droite ligne de son précédent ouvrage, Méfiez-vous de la France bien élevée !, paru en 2013. On apprécie le sens de la formule de Gabrielle Cluzel, son sens de l’humour, et l’enracinement – c’est bienvenu ! – de sa réflexion dans un certain nombre de considérations très concrètes sur les codes sociaux en déroute qui permettent de sortir des considérations fumeuses sur la transmission qui ne mènent nulle part. Il se présente en cela comme un excellent complément à l’ouvrage de Pierre-Henri d’Argenson cité plus haut dans ces pages.

On regrettera simplement qu’au-delà du sens brillant de la formule, les mécanismes de la perte des repères soient insuffisamment analysés. Tout n’est pas « de la faute des autres », des médias, du système, de la gauche, des soixante-huitards, et il est évident que, si les milieux que défend Gabrielle Cluzel promeuvent avec courage une anthropologie à rebours de l’idéologie dominante, ils sont aussi parfois partie prenante et acteurs de la déconstruction qu’ils déplorent, en refusant de se donner les moyens, en particulier intellectuels et culturels, d’assurer la continuité du modèle dont ils ont hérité. Mais tel n’est probablement l’objet principal de cet essai bienvenu et revigorant, étape nécessaire de la reconstruction que l’auteur appelle de ses voeux. CP.


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