En nous alarmant de la faiblesse des positions officielles de l’Eglise catholique et du monde politique de droite concernant la PMA pour toutes dans nos précédents éditoriaux, nous n’osions imaginer, même si nous le redoutions, que les choses iraient aussi loin.
Résumons la situation en quelques lignes, tant des sommets de contradictions ont été atteints ces jours-ci.
Lundi soir, la Conférence des évêques de France, organe officiel de représentation de l’Eglise de France, organisait une conférence aux Bernardins, sur le projet de loi bioéthique. S’y sont succédé des prises de position opposées au projet de loi, pour toutes les excellentes raisons que nous connaissons bien. Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, et Mgr Moulins-Beaufort, président de la Conférence épiscopale, étaient tous trois présents. A l’issue de la rencontre, Mgr Moulins-Beaufort ose une formule aussi contournée que possible pour tenter de montrer que, non, effectivement, l’Eglise de France ne serait pas tout à fait hostile au fait de manifester le 6 octobre : « Je ne vois pas comment nous pourrions empêcher des citoyens, catholiques ou non, inquiets de ce projet de loi, de manifester s'ils pensent que c'est un moyen utile pour se faire entendre. J'aurais tendance même à dire qu'ils ont le devoir de le faire ». On a déjà entendu des encouragements plus chaleureux… Un peu de périphrase, un peu de conditionnel, c’est de cela dont il a fallu que les catholiques se contentent.
Dans un premier temps… car visiblement, c’était déjà trop. Trop quoi ? Trop conservateur ? Trop extrêmiste ? Trop fasciste ? Ou trop courageux, trop conforme aux points non négociables, à l’enseignement des papes ?
Toujours est-il que mercredi, ce qui a été interprété dans la presse et les réseaux sociaux comme une sorte d’encouragement de la part de nombre de catholiques trop longtemps sevrés d’engagements clairs de la part de leur clergé et de leur hiérarchie, avait disparu. Tout cela était bel et bien enterré.
Officiellement, l’Eglise de France va donc refuser, clairement nous dit-on, de prendre position, par la voix de son porte-parole, Thierry Magnin, dans un entretien accordé au Parisien. « Notre posture est la suivante : il appartient à la CEF d'avoir une parole claire, nette et précise sur le projet de loi », a-t-il déclaré. « Par contre il ne nous appartient pas d'appeler à manifester ni de jeter l'opprobre sur ceux qui iront », a-t-il poursuivi. « Se manifester, oui. Aller manifester le 6 octobre, ce n'est pas à nous de le dire. » Cela rappelle vaguement quelqu’un, mais qui ? Un certain Ponce Pilate, qui s’en est lavé les mains, avec les conséquences que l’on sait. Qu’est-ce que la vérité ? Dans notre monde violemment anti-chrétien, il y a une vérité du combat, qu’il ne faut pas vouloir esquiver à tout prix, car il existe des combats pour une juste cause. Pourra-t-on sincèrement et franchement estimer que la Conférence épiscopale en aura fait assez pour empêcher le vote de la PMA, en organisant une soirée débat aux Bernardins ? La disproportion des armes et de l’enjeu laisse pantois. Les catholiques pratiquants réguliers sont en attente de courage et d’engagement. Le dynamisme de la pratique et de la transmission de la foi se trouve, c’est un fait, de plus en plus du côté des communautés traditionnelles, quelles qu’elles soient. Mais la préoccupation des évêques est de ne pas se faire assimiler aux conservateurs, nous explique-t-on. Pas d’amalgame… Comment le monde catholique peut-il s’y retrouver dans un tel fatras idéologique ? Dans la France de Macron, il est douloureux de voir ainsi voir triompher le « en même temps » dans les rangs catholiques… Que votre oui soit oui, que votre non soit non !
François Billot de Lochner
Président de Liberté politique et de France Audace
Constance Prazel
Déléguée générale de Liberté politique
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