Depuis 2012, nombre d’entre nous n’ont cessé de dire, d’écrire, d’agir sur un point non négociable : l’abrogation de la loi Taubira est la priorité des priorités, car son maintien se traduira mécaniquement, automatiquement, inéluctablement par une loi autorisant la PMA, puis par une seconde loi autorisant la GPA.
Or, le combat mené contre la funeste loi a été biaisé dès le premier jour : une partie notable des dirigeants des manifestations ou autres actions d’opposition a mis à égalité la lutte contre l’homophobie et l’abrogation de la loi. Erreur tragique : la loi Taubira valide un comportement contre nature, nous l’avons dit et répété, et l’homophobie n’a rien à voir avec le refus de cette loi qui « change la civilisation ». Mélanger les deux sujets aboutissait mécaniquement à affaiblir considérablement le combat mené contre la loi. La gauche ne s’y est pas trompée, et a gagné le combat par KO. L’ UMP - Républicains, après avoir fait deux pas en avant en faveur de l’abrogation, a précipitamment reculé de dix pas, cela aboutissant à des primaires de la droite mettant en scène des candidats unanimement favorables au « mariage homosexuel », et à l’élection prochaine d’un président du parti qui s’affiche déjà comme grand pourfendeur de toute homophobie et grand laudateur de la loi Taubira...
En réalité, la majorité des opposants à cette loi dramatique a enfourché le faux raisonnement suivant : l’amour homosexuel étant désormais acceptable et donc accepté, le mariage homosexuel devenait acceptable et donc accepté, et la loi Taubira devenait ainsi acceptable et donc acceptée. Désormais, seul comptait le problème de la filiation, nouveau combat central. Erreur tragique : comme l’a si bien dit Bossuet, s’attaquer aux conséquences sans s’attaquer aux causes est vain, voire ridicule.
Avec les AFC, le Salon beige, Ictus et d’autres résistants, Liberté politique, dans toutes ses conférences, manifestations, livres, revues et autres actions avant les élections, n’a cessé de marteler que le seul combat à mener était celui de l’abrogation de la loi, sans réécriture. A cet égard, lors de la manifestation d’octobre 2016, les deux seules banderoles demandant explicitement cette abrogation émanaient du collectif On Ne Lâche Rien, créé par la résistance forte et déterminée de certains.
A front renversé, la classe politique dans son ensemble (à l’exception notable du Front National, du PCD, et de quelques petits partis), le monde associatif catholique dans sa très grande majorité, la plupart des leaders de l’opposition à la loi se sont ralliés à la thèse mortifère suivante : la loi Taubira étant actée et dernière nous, passons à autre chose, et concentrons-nous désormais exclusivement sur la lutte contre la PMA et la GPA.
Cette attitude a eu pour conséquence qu’avant les élections, moment où la lutte contre la loi Taubira aurait dû atteindre sa plus grande intensité, le combat a été purement et simplement abandonnée. Pour la gauche, une telle opposition est une opposition de rêve, poulvu que ça doure, pense-t-elle avec gourmandise…
Aujourd’hui, et à des années des élections suivantes, on se remobilise…pour quoi ? En effet, la gauche continuera de se moquer des contorsions des opposants, puisqu’elle sait que ceux-ci, très probablement et comme toujours, abandonneront la partie avant les élections suivantes, sur le registre bien connu : les lois PMA et GPA sont désormais derrière nous, il faut passer à d’autres choses, plus importantes sûrement…
Ainsi va la chute, depuis un demi-siècle. Toutes les lois mortifères ont été votées selon ce scénario dramatique. Si nous reconnaissons nos erreurs, et les impasses qui en ont résulté, et si nous déclenchons une vraie guerre de riposte à la guerre totale qu’ont déclarée les déconstructeurs de la France, nous pourrons gagner. En clair, acceptons le combat, un combat sans pitié, un combat sans froufrous et autres paillettes qui n’ont pas grand sens en temps de guerre, nous le savons désormais. Finis, les mamours et autres bisounourseries ! Que la résistance aux lois PMA et GPA qui s’annoncent soit totale, au sens plein du terme, et que nous en acceptions tous les risques ! La défense de notre civilisation chrétienne le mérite !
François de Lochner,
président de la Fondation de Service politique,
de Liberté politique et de France Audace.
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