L’avènement du macronisme a fait entrer massivement des néophytes à l’Assemblée nationale en 2017. Cinq ans plus tard, un important contingent d’élus Rassemblement National et Insoumis prenait à son tour ses quartiers au Palais Bourbon.
L’arrivée soudaine de ces nouveaux parlementaires n’est pas sans conséquence sur la pratique politique.
L’effacement du duel UMP/PS à l’Assemblée nationale ne correspond pas directement avec l’arrivée du centre macroniste au pouvoir. L’élection présidentielle de 2017 a néanmoins provoqué un séisme avec des répliques multiples. L’envoi d’une poignée d’élus RN à l’Assemblée en 2017 a été suivi de l’arrivée de 88 d’entre eux en 2022. La France Insoumise a aussi connu une forte croissance passant de 17 sièges à 75. Au soir du 7 juillet, le paysage parlementaire pourrait encore être grandement chamboulé.
Entre renouvellement et déclin
En 2017, se trouvaient parmi les élus macronistes un certain nombre de néophytes de la politique. Les ratés ont été multiples mais l’appareil centriste élaboré par le président disposait d’une majorité absolue et du ralliement de cadres de la gauche socialiste qui ont pu guider le petit troupeau au Palais Bourbon.
Le comportement fantasque de membres du gouvernement, à l’image des ministres Marlène Schiappa et Bruno Le Maire qui ont publié des livres (souvent stupides) alors qu’ils étaient en fonction, a participé de la déliquescence de l’ensemble du personnel politique. Quand un ministre se comporte de la sorte, que peut-on espérer d’un député ?
Parmi les nouveaux arrivants de 2022, on dénombre beaucoup de personnes inexpérimentées en gestion politique et, a fortiori, à l’exercice d’une fonction parlementaire. Si évacuer des députés accrochés à leurs mandat a pu générer une certaine satisfaction, les nouveaux arrivants ont rarement été à la hauteur et sont même parvenus à tirer une institution, déjà mal en point, vers le bas.
Le comportement d’une partie de ces nouveaux élus (dès 2017) avec le personnel de l’Assemblée a laissé à désirer tout comme le traitement réservé aux collaborateurs parlementaires. L’emblématique cas Laetitia Avia a été largement médiatisé mais les différends entre des personnes fraîchement élues et leurs assistants ont été légion depuis 7 ans et concernent l’ensemble du nouveau spectre politique.
Par ailleurs, biberonnés à la com’, les nouveaux députés préfèrent les vidéos abêtissantes sur les réseaux sociaux aux travaux parlementaires et offrent un spectacle affligeant dès que l’occasion se présente, et cela autant en ligne qu’en hémicycle comme ont pu le montrer à de nombreuses reprises les troupes mélenchonnistes.
Des partis tout en verticalité
Une des conséquences principales de la nouvelle donne politique en France est, au niveau parlementaire, la percée du RN et des Insoumis et avant eux des macronistes. Ces trois formations ont pour particularité de fonctionner de manière verticale. Là où les socialistes et l’UMP étaient animés par des courants, ces nouveaux partis donnent une place importante au chef et consacrent une sorte de prime au plus servile.
La discipline de parti est placée au-delà des convictions propres à chaque élu. L’épisode de la constitutionnalisation de l’avortement a ainsi été l’occasion de voir des élus catholiques se plier à un appareil de parti plutôt que de suivre leur conscience…
En résulte également un sentiment de toute puissance dans le parti majoritaire qui n’a pas hésité à user et abuser du 49-3 lors de la XVIème législature, faute de majorité absolue.
Dans ce petit jeu parlementaire, la priorité est donnée par les députés à l’optimisation de leurs chances de réélection. La première condition à une réélection est l’investiture. Il s’agit donc de filer droit.
Ainsi le RN n’a connu aucune défection au Palais Bourbon lors de la XVIème législature, un véritable exploit quand on sait que ce parti avait perdu plus d'un quart de ses élus régionaux entre 2015 et 2021. Du côté des Insoumis, une poignée de députés ont fait les frais de leurs divergences avec Jean-Luc Mélenchon. Les époux Corbière-Garrido, les « Thénardier de Seine-Saint-Denis » ont ainsi pris la porte tout comme Danielle Simonnet, figure de la gauche Insoumise parisienne.
Le déclin généralisé que nous vivons est particulièrement visible au sommet de l’Etat et parmi les ministres mais se joue aussi du côté du Palais Bourbon. Dans une période de doutes et d’incertitudes, les quelques élus intègres qui parviendront à se démarquer de la masse funeste pourraient constituer l’avant-garde d’un hypothétique renouveau politique.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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