Vers une nouvelle droite ?

Source [Atlantico] Manifeste pour une autre Europe : Marion Maréchal renvoie le RN et LR au pied du mur de leurs contradictions respectivesRetirée de la vie "politique électorale", Marion Maréchal a accordé un grand entretien à Valeurs actuelles formant une base de projet politique pour le pays.

Atlantico : Retirée de la vie "politique électorale", Marion Maréchal a accordé un grand entretien à Valeurs actuelles formant une base de projet politique pour le pays. Si Marion Maréchal se défend d'une ambition présidentielle, dans quelle mesure son « Manifeste pour une autre Europe » peut-il être lu comme une sorte de programme d'union des droites ?

Christophe Boutin : Marion Maréchal prend prétexte de l’analyse de l’état de l’Union européenne, et des erreurs françaises commises en son sein, pour décrire en creux ce qui manque à la France. En fait, à la suivre dans cet entretien, il y a à la fois trop d’Union européenne… et trop peu d’Europe. Trop d’Union européenne, avec cette fuite en avant fédéraliste alors qu’il n’y a pas, selon elle, de peuple européen qui puisse être la base de ce nouvel État et en justifier la création. Trop de pouvoirs donnés ensuite à une Commission qui, de plus, outrepasse ses limites en s’intéressant à des secteurs qui ne lui auraient pas été octroyés par les traités, culture ou éducation par exemple. Et trop de pouvoirs appartenant enfin en fait non à ce Parlement que l’on va renouveler lors des prochaines élections, et pas même aux membres de la Commission, mais aux titulaires de quelques postes bien placés dans la hiérarchie des fonctionnaires de l’Union, des postes très sensibles trustés par les Allemands et, en leur temps, par les Anglais.

Trop d’Union donc, mais aussi trop peu d’Europe si l’on en croit la directrice de l’Issep. Car cette même Union, qui réglemente de manière tatillonne la vie de ses citoyens, est par ailleurs incapable d’exister comme « puissance », car incapable d’oser définir son identité et de l’affirmer. D’où cette Europe qui ne se veut qu’ouverte, et qui est donc soumise à tous ceux qui profitent de ses faiblesses, que ce soient les flux migratoires, les capitaux financiers ou un droit américain extraterritorial. Une Europe incapable de saisir comment, aux critères classiques de la puissance, géographie, territoire ou démographie, qu’elle ne maîtrise plus qu’à peine, il faudrait ajouter les réseaux et les flux, et qui ne fait donc jamais que subir le poids de ces derniers.

Ce constat révèlerait donc, selon l’ancienne député, que la méthode de construction européenne serait mauvaise en soi, et qu’il faudrait repartir sur la seule base qui vaille : une collaboration entre nations souveraines, collaboration dans laquelle la France aurait un rôle majeur à jouer pour rééquilibrer, avec d’autres, un édifice qui pencherait clairement vers la domination allemande. Parce que la France est la seule à pouvoir ouvrir l’ensemble européen sur d’autres perspectives grâce à sa place particulière, culturelle (sa langue, ses liens privilégiés avec d’autres nations) et territoriale (son espace maritime, son Outre-Mer), comme par sa puissance économique. On reprochera peut-être alors à Marion Maréchal de considérer que, pour jouer pleinement son rôle, la France doive satisfaire… aux critères de convergence économique de Bruxelles, ou peu s’en faut : lorsqu’elle déclare que la crédibilité de notre État passe par le fait de montrer le bon exemple en économie, encore faudrait-il savoir si ce dernier ne suppose pas d’échapper d’abord à ces carcans qui nous ont affaibli et profité à nos voisins d’Outre-Rhin, mais le « Frexit » doit rester pour elle le dernier recours.

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