Pourquoi le CRIF insulte-t-il les juifs ?

La semaine dernière, le CRIF s’est livré à une attaque d’une violence surprenante contre les propos tenus précédemment par Jean-Frédéric Poisson, relatifs aux lobbys sionistes. Le CRIF a en effet estimé que parler de « lobby sioniste » consistait à tenir des propos « abjects », clairement antisémites.

Qu'en est-il réellement ?

Le mot « lobby » est un mot totalement courant, utilisé à grande échelle dès qu'il s'agit de définir des groupes de pressions voulant faire valoir leurs intérêts. En soi, le mot lobby n’a de consonance ni négative, ni positive : il signifie simplement qu'une organisation a une existence propre, dans le but d’exercer une influence déterminée.

Le mot « sionisme » ne comporte également en lui-même aucune consonance négative. Son concepteur, Théodore Herzl, en a fait au XIXe siècle un instrument au service de l'établissement du peuple juif sur une terre qu’il coloniserait. Après avoir songé à s'établir en Amérique, puis en Afrique, les sionistes se mettront d'accord sur la Palestine, au début du XXe siècle.

Ainsi, le « lobby sioniste » est un groupe de pressions comme il en existe partout dans le monde, sur tous les sujets. En revanche, il est de notoriété publique que ce lobby est particulièrement puissant. Ainsi, quand le CRIF estime que parler du « lobby sioniste » est « abject » et relève de l' « antisémitisme », il affiche un mépris incompréhensible pour de nombreux juifs du monde entier.

Les membres du CRIF sont des gens intelligents, et même très intelligents. Ils sont également bien informés, et même très bien informés. Pour que le CRIF dérape à ce point, il doit y avoir une explication, et se rendre à l'évidence : la candidature de Jean-Frédéric Poisson est gênante pour les ténors des Républicains et du Centre, car elle grippe le rouage huilé de la primaire ; elle gêne également les loges maçonniques, car le discours de Jean-Frédéric Poisson s'oppose clairement à leur idéologie déconstructiviste. Le CRIF, dont la proximité avec les dirigeants des Républicains et du Centre, comme avec les loges maçonniques, n’est plus à démontrer, a donc déclenché l’artillerie lourde contre un candidat gênant.

En première approche, l'utilisation du CRIF peut paraître intelligente pour casser une candidature qui grimpe dans les sondages. La manœuvre semble pourtant grossière, et pourrait se retourner contre les candidats à la primaire, d'une rare maladresse ou compromission dans cette affaire ; contre les loges, qui donnent l’impression trop visible d’être à la manœuvre ; contre le CRIF lui-même, tristement instrumentalisé dans cette triste affaire.