Source [Boulevard Voltaire] Jean-Pierre Raffarin ? Un personnage de cinéma. C’est à la fois Igor, le serviteur borgne du baron Frankenstein, et le traître fourbe des films de cape et d’épée, façon Capitan, d’André Hunebelle : sous sa cape, il dissimule un stylet, dans ses bagues du poison. Mais à la fin du film, il finit dans les douves du château ou sur la paille humide des cachots.
À peine moins sérieusement, l’honnêteté faite homme vient donc d’annoncer son soutien, sincère et désintéressé, à Emmanuel Macron, tout en affirmant conserver à l’endroit de Valérie Pécresse toute son « affection » et sa « considération ». Une telle abnégation humaniste ne peut que forcer le respect.
Mais, comme tous les traîtres de comédie, survient immanquablement le moment où le personnage se prend les pieds dans les ciboires. Ainsi l’intermittent du spectacle politique explique-t-il son choix par « la dangerosité de la situation internationale » qui, pour lui, a « levé toute hésitation ». Mais, en même temps, on sent poindre cette sourde inquiétude voulant que Valérie Pécresse, pourtant championne de son camp politique d’origine, soit incapable, à ses yeux, de faire « barrage à l’extrême droite ».
Jean-Pierre Raffarin, comme tout homme de l’ombre qui se respecte, est donc mieux informé que le commun électoral des mortels. Lequel ignore sûrement que hordes zemmouriennes et bataillons lepénistes sont en train d’envahir l’Ukraine. Mélange des genres ? Cuite au saké avec ses amis chinois ? Tartines aux rillettes mal digérées ? Nul ne le sait.
En revanche, toujours aussi huileux qu’un manche de poêle à paella, notre homme en vient à abdiquer toute forme de dignité en s’esbaudissant en ces termes : « Emmanuel Macron est à la fois le candidat le plus jeune et le plus expérimenté, c’est rare. »
Si l’on était plus chrétien, on allumerait des cierges pour Valérie Pécresse partie, pleins phares et pied au plancher, droit dans le mur. Seulement voilà, il y a un temps pour tout : la prière et le rire ; voire même la réflexion. En effet, c’est à l’entendre qu’on comprend bien qu’on n’apprend pas tout dans les grandes écoles. Son parti, LR, qu’elle a quitté en fanfare pour y revenir en loucedé ? Son centre et son aile gauche ont demandé asile politique à LREM depuis belle lurette. Son flanc droit ? Il a voté Éric Ciotti à la primaire républicaine et s’apprête à faire de même d’un autre Éric au premier tour de l’élection présidentielle.
Ces turpitudes, une autre polytraumatisée de la politique, Ségolène Royal, les connaît mieux que tous et toutes, comme on dit. Lâchée par son propre parti, le PS, elle fit campagne seule en 2007. C’est désormais au tour d’une Valérie Pécresse ne possédant pas forcément la même « teignitude »… Sans oublier que si celui dont tout le monde moque les avis plus ou moins éclairés – Jean-Pierre Raffarin – se trouve aujourd’hui sous les feux de la rampe, on attend toujours le verdict de l’imam caché de la droite, cet autre fourbe de cinéma qu’est Nicolas Sarkozy.
Le grand vizir poitevin, jamais en rupture de stock au niveau cirage et brosse à reluire, affirme donc que Sarkozy « est un homme d’action, un homme de perspective et […] comme tous ceux qui ont approché les responsabilités, il est sensible à l’union nationale ». Une fois traduit du raffarinien en français, voilà qui signifie que l'ancien Président, à défaut d’appeler à de suite voter pour Emmanuel Macron, ne se dépêchera pas à dérouler le tapis roupe à Valérie Pécresse.
Après, quelle importance ? Sachant qu’il n’y a guère que Jean-Pierre Raffarin pour croire que les Français s’intéressent aux avis de… Jean-Pierre Raffarin ; lequel joue, aujourd’hui, son ultime va-tout, entre palais du Luxembourg et mines de sel…
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