Dans les zones rurales, ces patrons qui aident leurs salariés à se loger

Source [Marianne] : Dans les zones rurales, des chefs d’entreprise investissent dans des logements pour attirer des talents venus des grandes villes ou soutenir leurs employés les plus précaires. L’enjeu : assurer l’avenir et pallier la crise du recrutement.

C’était en avril 2019. Depuis plusieurs semaines, un véhicule était garé jour et nuit sur le parking de son supermarché, en banlieue de Rouen. Bénédicte Caron, à la tête de trois Super U dans la périphérie de la ville, ne savait pas pourquoi. Elle n’imaginait pas la réalité, la triste réalité : un de ses salariés dormait chaque nuit dans sa voiture, sur ce parking. À la première heure, il filait chez un voisin pour prendre une douche rapide, boire un café, se brosser les dents et se raser. « Lorsqu’il arrivait au bureau, il était toujours impeccable » soupire la quinquagénaire. Séparé de sa femme, l’homme n’avait pas été en mesure de verser un mois de caution à un propriétaire et il n’était pas parvenu à trouver un logement dans les alentours.

Dans un premier temps, Bénédicte Caron lui propose de se porter garante pour lui et demande à la mairie de libérer un studio à petit prix. Finalement, ce salarié préférera investir dans un camping-car. « C’est à la suite d’un accident de vie ou lorsqu’ils sont très jeunes que les employés sont les plus vulnérables, en raison de leur faible pouvoir d’achat » déclare la cheffe d’entreprise au volant de sa voiture. Deux ans plus tard, c’est l’apprenti en pâtisserie qui fait irruption dans son bureau. « Il venait d’avoir 18 ans et, comme il était majeur, son père avait décidé de le mettre dehors. Il n’avait pas la possibilité de prendre un logement avec son petit salaire ! » déplore-t-elle encore. Depuis, Bénédicte Caron a investi dans une dizaine d’appartements à 1 km de l’un de ses supermarchés. Les salariés qu’elle loge lui paient un loyer mensuel : entre 400 € pour un studio et 700 € pour un T4, le prix du marché.

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