Nos coups de coeur
Cet axiome romain : « si vis pacem, para bellum », est aujourd’hui le grand oublié de nos sociétés contemporaines qui à coups de battage médiatique vivent de plus en plus avec l’idée qu’il faut éviter la guerre à tout prix, et que lorsqu’elle est là, elle doit répondre aux exigences d’une guerre propre et nette, sans morts, sans victimes. L’essai du jeune colonel François-Régis Legrier vient réactualiser fort à propos le concept de « guerre juste », car il est de justes combats comme il est de justes et saintes colères. Sa synthèse de haut niveau, à travers des détours aussi bien philosophiques qu’historiques, permet de rappeler avec profondeur quelles sont les conditions d’une guerre juste : la légitimité de l’autorité, une cause aussi juste que justifiée, la droiture des intentions de celui qui la porte. La guerre juste se nourrit de siècles de doctrine catholique, et n’a de ce fait que bien peu à voir avec le droit d’ingérence pétri des bonnes intentions du droit-de-l’hommisme universel. La réflexion du colonel Legrier nous fait prendre conscience aussi de la difficulté que nous avons aujourd’hui à appréhender le concept de guerre juste du fait, et c’est particulièrement vrai en France, de la dilution des prérogatives régaliennes d’un État se muant bien souvent en un animateur de loisirs et dispensateur de prestations sociales.
Les mutations géopolitiques contemporaines, la place du terrorisme, et du djihad, nous invitent à une puissante réflexion théorique sur le sens que nous donnons à nos engagements militaires, réflexion qui, on le devine, est très insuffisamment menée, dans le cadre globalisant et mondialisé qui est celui de nos décideurs politiques, dont la responsabilité est sans cesse plus ténue.
L’introspection du chef est moins que jamais à négliger, à l’image de Jeanne d’Arc qui ne concevait pas de monter à l’assaut sans le secours des sacrements. La recherche de la paix vient ainsi reprendre sa place dans un triptyque essentiel, aux côtés de la justice et de la vérité. Pour finir, le colonel Legrier nous rappelle qu’il n’y a pas de guerre sans guerre intérieure et sans combat spirituel, et qu’il nous faut savoir trancher par le glaive avec l’Ennemi : il ne saurait y avoir d’autre « Prince de la Paix » que le Christ. L’ouvrage est puissamment préfacé par le sénateur Bernard Seillier, qui vient nous rappeler la terrible mais magnifique devise du Cardinal Newman : « La sainteté plutôt que la paix ».