Nos coups de coeur
Ce que l’on désigne sous le terme d’« art contemporain » ne recouvre pas la production artistique actuelle dans sa globalité, loin de là. L’appellation correspond plutôt à un label estampillant la fraction de cet ensemble représentée par l’art conceptuel, promu et financé par les institutions internationales et, en France, par l’État et ses « inspecteurs », prétendus experts (universitaires et chercheurs, fonctionnaires de l’administration culturelle).
Apparu dans les années soixante, l’art conceptuel s’est en effet imposé à partir des années quatre-vingt en tant que seule pratique légitime, avant de devenir, à partir des années 90, un financial art planétaire — quasi officiel — dans lequel les œuvres, reproductibles sur commande, fonctionnent comme autant de produits dont les cotes parfois astronomiques, le plus souvent sans rapport avec la valeur intrinsèque des créations en question, se trouvent fabriquées par les réseaux de collectionneurs.
Son hyper-visibilité, résultat d'opérations marketing, occulte les nombreux autres visages d’un art qui cependant foisonne, aussi divers que méconnu, l’« art caché », « dissident ».
Tel est le stimulant propos d'Aude de Kerros, essayiste de renom et elle-même artiste, qui restitue avec verve et d’une plume corrosive la période de l’histoire hexagonale des arts plastiques comprise entre 1960 et aujourd’hui, entre lignes de fracture et interactions, contradictions, controverses et schisme, crise paroxystique souterraine et récente crise financière agissant comme un révélateur — salutaire—, multiples chemins de la création — voies sans issue ou singulières, marches aux extrêmes, retour aux sources.
Ancienne pensionnaire de la Fondation Konrad-Adenauer, lauréate de l’Institut de France (Prix de portrait Paul-Louis Weiller 1988), Aude de Kerros, graveur et peintre dont les œuvres figurent au catalogue des collections du National Museum of Women in the Arts de Washington et du département des Estampes et de la photographie de la BNF, notamment, a présenté plus de 80 expositions en France et en Europe.
Auteur de nombreux articles d’analyse, elle a contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Sacré art contemporain - Évêques, inspecteurs et commissaires (Éditions Jean-Cyrille Godefroy / 2012) ; son dernier ouvrage, s’est vu décerner le Prix Adolphe-Boschot de l’Académie des Beaux-Arts.
Elle publie par ailleurs, mi-octobre, avec Marie Sallantin et Pierre-Marie Ziegler, 1983 – 2013, Les Années noires de la peinture Une mise à mort bureaucratique ? (Éditions Pierre-Guillaume de Roux).
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