Source [Valeurs actuelles] Pour le professeur d'histoire Kevin Bossuet, « les militants du véganisme, qui se prétendent pourtant progressistes, défendent en fait une idéologie particulièrement extravagante et rétrograde ».
Le 7 juin dernier, c’est avec effarement que nous avons appris que Google a décidé de retirer l’œuf de l’emoji salade de son système d’exploitation Android afin de plaire à davantage d’utilisateurs et plus particulièrement aux végans. Le même jour, c’était au tour de la commercialisation d’un préservatif « sans gluten » et « végan » de faire le tour du web, et plus particulièrement des réseaux sociaux, provoquant railleries et consternation chez beaucoup d’internautes, qui ont vu dans cette information pittoresque la victoire d’un lobby qui est en train, petit à petit, d’envahir l’espace médiatique et de faire les beaux jours des industriels. C’est une fois de plus, à travers des actions qui peuvent apparaître au premier abord comme complètement anodines, le diktat d’une minorité que l’on tente progressivement de nous imposer.
En effet, d’après un sondage mené en 2017 par l’institut Harris Interactive, il n’y aurait, en France, seulement que 4 % de végans, c’est-à-dire d’individus qui ne consomment et n’utilisent pas de produits d’origine animale, que ce soit pour s’alimenter, s’habiller ou encore dans le cadre de l’utilisation de produits cosmétiques. Comme le précise le site vegan.fr : « cela implique de ne pas consommer de chair animale, de laitage, d’œuf, de miel ni de produits de la ruche, de ne pas porter de vêtements faits de matières premières provenant des animaux (fourrure, cuir, laine, soie, etc.), de ne pas utiliser de produits d’hygiène, d’entretien testés sur les animaux. » En somme, être végan, c’est bannir toute utilisation de produits qui seraient issus de la domination de l’homme sur les animaux, car comme on peut le lire sur le site, c’est « bien plus qu’un style de vie ; c’est un engagement en faveur de l’abolition de toute forme d’exploitation des animaux ».
Là est d’ailleurs le principal problème, car d’un choix de vie qui ne devrait en théorie ne regarder que les personnes concernées, ces quidams à l’estomac certifié 100 % non carné, ont fait du véganisme un véritable objet de militantisme, entraînant son lot d’agissements excessifs et de comportements carrément hystériques. Par exemple, il y a encore quelques jours, à Lille, c’est un restaurant spécialisé dans la viande de canard, Canard Street, qui a été attaqué par une horde de militants végans qui n’a pas hésité à briser les vitres et à taguer sur la devanture un graffiti dénonçant le spécisme, c’est-à-dire la supériorité des êtres humains sur les animaux. Quelque temps auparavant, toujours à Lille, c’est une boucherie et une poissonnerie qui ont dû faire face aux exactions de ces activistes de la cause animaliste. Plus qu’un style de vie, c’est donc bien un véritable mouvement politico-social qui est né autour d’un concept qui est devenu, avec le temps, une véritable idéologie.
Or, ces forcenés, qui ont fait des producteurs et des mangeurs de viande des ennemis à éliminer, et qui arborent comme porte-voix le fougueux Aymeric Caron, n’ont de cesse d’occuper l’espace médiatique en mettant en avant des arguments le plus souvent aussi absurdes que fallacieux. Néanmoins, qu’on s’entende bien, il ne s’agit en rien d’empêcher ces gens de prendre leur pied en picorant des graines de lin et de tournesol devant « Quotidien » ou « Plus Belle la vie » tout en buvant un bon verre de lait de soja pour mieux faciliter l’absorption des substituts alimentaires, mais d’en finir avec leurs démonstrations pseudo-scientifiques complètement grotesques.
Tout d’abord, ces olibrius voudraient nous faire croire qu’ils seraient les seuls amis des animaux en refusant la domination que les hommes exerceraient sur eux et en s’interdisant de consommer des produits issus de l’exploitation animale. Or, c’est assurément méconnaître et nier la chaîne alimentaire qui est à la base du cycle de la vie sur Terre. Effectivement, alors que les consommateurs primaires (végétaux chlorophylliens et les cyanobactéries) ne se nourrissent que de matières minérales (eau, sels minéraux, gaz carbonique…), les consommateurs secondaires (les prédateurs carnivores, les super-prédateurs…) sont obligés pour vivre de se nourrir de la matière organique d’autres êtres vivants.
Or, n’en déplaise aux apôtres du véganisme, l’Homme fait partie, au même titre que le loup ou le tigre, de ces consommateurs secondaires, et il est donc parfaitement sain pour lui de chasser, d’élever et de manger des animaux. Il y a de toute façon intérêt dans la mesure où la vitamine B12 et le fer qui se trouvent principalement dans la viande sont indispensables à son évolution et au fonctionnement de son cerveau. C’est d’ailleurs en mangeant de la viande, que notre cerveau est devenu plus gros que celui des primates et que nous en sommes arrivés à ce degré d’évolution. Pour un être humain, consommer de la viande est donc parfaitement naturel. Vouloir lui interdire l’accès à cette forme d’alimentation est aussi contre-nature que nocif.
En fait, derrière la criminalisation de la consommation de produits d’origine animale, c’est la domestication des animaux par les hommes, apparue il y a plus de 10 000 ans, qui est, par les végans, visée. En effet, pour ces derniers, la domestication et donc l’élevage des animaux seraient une forme de domination inacceptable. Or, ce que ne réussissent pas à comprendre les militants du véganisme, c’est que la domestication a indubitablement apporté une forme de protection et de sécurisation aux animaux concernés tout en créant un lien pacifique et affectif entre eux et les êtres humains, en mettant notamment fin à la violence de la prédation. En effet, un mouton est, par exemple, dans une bergerie beaucoup plus en sécurité que s’il vagabondait en pleine nature au milieu des loups qui rôdent et des aléas climatiques qui pourraient rendre l’accès à la nourriture extrêmement compliqué.
En les domestiquant, les Hommes ont assurément allongé l’espérance de vie des animaux tout en leur offrant des conditions de vie beaucoup plus dignes ; même s’il est vrai que l’industrialisation de l’élevage a quelque peu cassé ce rapport vertueux. En outre, ne plus élever de cochons, de moutons ou encore de vaches, serait dans le même temps renoncer à nos animaux de compagnie, majoritairement carnivores, et qui seraient incapables de revenir à l’état sauvage, état qu’ils n’ont jamais connu. La vérité, c’est qu’en prétendant servir la cause animaliste, c’est en fait un monde sans animaux que nous préparent les partisans du véganisme.
Il est d’ailleurs assez drolatique de constater à quel point ces militants qui se disent souvent de gauche ou d’extrême gauche, sont en fait les plus fidèles serviteurs des multinationales dont le rêve est de créer un monde sans élevage. En effet, investir massivement dans les substituts à l’alimentation carnée, notamment dans la viande in vitro (c’est-à-dire la viande artificielle réalisée par des techniques d’ingénierie tissulaire se passant de l’utilisation de chair animale) ou encore dans l’agriculture cellulaire débouchant sur la production de lait sans vaches et d’œufs sans poules, est pour les industriels beaucoup plus rentable et leur permettrait assurément de multiplier les bénéfices.
En voulant libérer les animaux de l’exploitation humaine, les militants du véganisme ne font finalement que préparer leur asservissement sur l’autel du capitalisme le plus abject. Comme le dit très bien Périco Légasse, journaliste et critique gastronomique français : « Obsédés par le seul critère de la souffrance animale, qui est un problème réel mais soluble, ils ont jeté toute forme de consommation avec des protéines, et se sont jetés dans les bras du productivisme et d’une certaine forme d’industrie. »
En même temps, qu’attendre de ces gens, au pouvoir d’achat souvent élevé, qui, calfeutrés derrière leur vision d’hommes occidentaux aux relents impérialistes, sont prêts à sacrifier des milliers d’êtres humains sur l’autel de leur petite idéologie scabreuse ? En effet, que les végans aillent expliquer aux Esquimaux comment survivre sans manger de viande alors qu’ils évoluent dans un milieu au sein duquel il est pratiquement impossible de se nourrir uniquement de végétaux. Qu’ils aillent convaincre les Africains, dont 20 % environ souffrent de la faim, d’abandonner les produits issus de l’élevage au nom de la lutte pour le bien-être animal. Tout cela ne tient évidemment pas la route !
Une étude publiée dans la revue scientifique Elementa a d’ailleurs récemment mis en avant le fait qu’un régime végan généralisé ne permettrait pas de nourrir l’ensemble des êtres humains de la planète dans la mesure où il est impossible de faire pousser des légumes sur une grande partie des terres utilisées aujourd’hui pour l’élevage. En gros, si tout le monde se mettait à consommer végan, il n’y aurait pas assez de denrées pour nourrir tous les individus sur Terre. Dans ce contexte, le véganisme, idéologie aussi moralisatrice que tyrannique, prend, de plus en plus, les allures d’un malthusianisme particulièrement funeste.
Ces gens, qui n’ont de cesse de valoriser la vie animale, n’ont bizarrement que très peu de considération pour la vie humaine. Le plus souvent « pro-avortement », sans que cela ne vienne en rien gêner un discours qui en devient foncièrement incohérent, les militants du véganisme se complaisent dans un antihumanisme aussi absurde que déroutant. En effet, comment peut-on réussir à concilier la condamnation morale de la mort d’un jeune veau ou d’un jeune poulain et la revendication du droit à éliminer un embryon humain ? De même, comment peut-on à la fois critiquer la hiérarchie que les êtres humains font entre les êtres vivants, et plus particulièrement entre eux et les animaux, sans y inclure les plantes dont il a été démontré qu’elles communiquent entre elles ? On sent bien ici l’aberration et le vide intersidéral d’un discours incohérent procédant bassement à une véritable sélection dans la défense du vivant.
La vérité, c’est que les militants du véganisme, qui se prétendent pourtant progressistes, défendent en fait une idéologie particulièrement extravagante et rétrograde. La vérité, c’est qu’en vouant aux gémonies l’élevage et l’alimentation carnée, ils font très clairement le jeu du capitalisme industriel et financier qu’ils prétendent pourtant combattre. C’est finalement une société sans animaux que tentent de nous imposer ceux qui prétendent mettre la cause animale au-dessus de tout. Or, de quel droit nous contraindraient-ils à adopter un mode de vie qui ne nous correspond pas ? De quel droit nous imposeraient-ils leurs dogmes en utilisant des méthodes aussi douteuses que totalitaires ? Que les végans s’occupent de leur assiette, et qu’ils nous fichent définitivement la paix avec leur « fascisme alimentaire » qui n’a absolument ni queue ni tête, et qui ne remplacera jamais le plaisir que l’on peut éprouver à manger un bon steak tartare, un bon bœuf bourguignon, ou une belle entrecôte grillée.