Le fou est celui qui a tout perdu sauf la raison, disait Chesterton dans l’un de ses coutumiers paradoxes. On se demande si l’on ne pourrait pas aujourd’hui, sans trop forcer, nous appliquer ce mot à nous autres, Français.
La France, un pays de génies dirigé par des médiocres. Il faut croire que nous l’avons voulu, et nous ne pourrons longtemps continuer d’en rendre responsable le voisin, le mauvais temps, le réchauffement climatique, les champs magnétiques, l’Europe, l’OTAN, l’Ukraine ou les aborigènes d’Australie. La « grogne sociale radicale » qu’on nous annonce depuis des lustres pour demain ,dont les médias nous rebattent les oreilles ces temps-ci ; des médias qui n’ont d’os à ronger que la marchandisation de joueurs de foot d’un club à un autre, les violences conjugales qui tournent en boucle d’un joueur de rugby ,modèle d’intégration et de chance pour la France, les frasques d’un humoriste défoncé, adepte du vagabondage sexuel le plus nauséabond et des paradis pas si artificiels qu’on le dit, mais bien client au bout du compte de la « secte des assassins » (haschichiens), l’exhibitionnisme pulpeux d’une Marlène Chipie en chasse de notabilité people, de publication hasardeuse et vulgaire par un ministre de l’économie peu économe en célébration de la pornographie , par les robes ou sacs à main de Brigitte Macron, le dressing garni d’uniformes militaires, de tenues de motards, de marin pêcheur ou de sous marinier du Président de la République, l’impunité de la voyoucratie ANTIFAS et de l’Islamogauchisme ou de la tyrannie LGBTQiste dans la rue, sur les plateaux télévisés, dans les universités, les écoles … est certainement un signe de notre malaise. C’est sans doute aussi, si l’on fouille bien, un signe ambigu, ou plus précisément, un signe de l’ambiguïté qui nous habite. Témoins, ces mouvements hétéroclites des Bonnets rouges, des gilets jaunes dans quoi se sont précipitées avec entrain nombre de factions en manque d’action virile exprimant un salmigondis de revendications parfois contradictoires.
Les agriculteurs bretons d’alors qui jouissaient pour beaucoup d’entre eux des subventions européennes, cela flattant leur ethos autonomiste, au prix d’un élevage productiviste, polluant et inhumain, se voient Gros-Jean comme devant d’abord quand les pays de l’Est se sont accaparés de la majorité de ces subsides et ensuite car tant pour la pêche que pour l’élevage et l’agriculture la France se voit réduite à subir les oukases et dictats d’un Parlement européen dont les décisions indignes sont sans nom et les musèlent. En revanche, aujourd’hui le fait que cette région, qui était l’une des plus privilégiées de France, notamment dans les domaines de l’emploi et des flux migratoires, est à son tour touchée par la crise économique, immobilière, sécuritaire, par le grand remplacement, par la voyoucratie citadine et rurale, par l’impunité générale et la gangrène zadiste …la Bretagne soumise elle aussi à la délocalisation des « chances pour la France » et de la généralisation du mal-être français.Une révolte ? Non, Sire, une révolution ! Bien malin qui saura nommer ce qui s’annonce pour l’été, l’automne, l’hiver et les mois suivants, avec une NUPES complètement azimutée, un Rassemblement National devenu le premier parti d’opposition, en quête de respectabilité, dont l’activité parlementaire est parfaitement respectueuse des institutions et quasi assuré de tenir la dragée haute aux vieux partis de gouvernement.
En face, un président malhabile et indécis, un pusillanime, un « foutriquet » cosmétiqué mais qui préside en écumant sans vergogne toutes les richesses de l’Histoire de France ; un pouvoir qui paraît n’avoir jamais été aussi faible qu’aujourd’hui, la montée de sentiments particulièrement nauséabonds comme l’antisémitisme à la Soral et Dieudonné, relayé par la NUPES peu économe de crétineries en tous genres , une bonne gauche rejointe par LR qui tente de faire croire chaque matin au retour du fascisme, de la peste brune - cela se retournant systématiquement contre elle- , une armée et des forces de l’ordre au bout du rouleau, une Conférence des Evêques de France « assermentée », une école qui déconstruit, une culture qui « cancelise », des institutions wokisées , une insécurité et des « incivilités » omniprésentes, une politique étrangère désastreuse, des caisses vides, une monnaie servant exclusivement les intérêts du voisin d’outre-Rhin, et à militariser l’Ukraine, une situation économique désespérée, une morale publique et privée entièrement saccagée, inversée : sinon la Grande Peste ou la guerre civile, qui sont bien entendu fléaux sans commune mesure avec nos petits soucis, on ne voit guère ce qui pourrait arriver de pis à notre vieux pays.Bien entendu, si la situation est désespérée, c’est qu’a sonné la grande heure de l’espérance.
On n’en a pas fini avec cette nation ni avec cette civilisation. Tant que nous sommes encore quelques-uns, et manifestement nous sommes bien plus nombreux qu’on vous le dit, à croire à ses vertus, à vivre de son héritage, celui du christianisme essentiellement, le monde n’en aura pas fini avec nous. Mais pour cela, il faut encore une fois que nous sortions de nos vieux réflexes, de nos politiques de puissance inchrétiennes, que nous nous souvenions que tout empire périra et que si « Dieu aime les Francs » et préfère les Anglais, ou n’importe quel autre peuple, chez eux, ce n’est pas pour que nous nous comportions comme la première tribu de Huns venus. On croirait à certaines péroraisons que, « lorsqu’on aura pris le pouvoir » – comment ? Mystère ! –, un bon nettoyage au karcher suffira à restaurer une France que nous n’avons jamais connue pour bon nombre d’entre nous ; au choix celle des années 50, celle du XIXe, celle de la « chouannerie » celle du grand siècle ou celle du Moyen-Âge…Nous pélerinerons, nous processionerons, nous reprendrons la route du Tro-Breizh. Nous vivrons heureux et nous aurons beaucoup d’enfants et de petits enfants.
« Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle ».
Charles Péguy
Thierry Aillet
Ancien Délégué épiscopal à l’Enseignement Catholique d’Avignon