Depuis la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, la mondialisation s’est accélérée pour former une sorte de Pangée géopolitique qui a vu son avènement probablement au tout début des années 2000 quand Vladimir Poutine lui-même suggéra que la Russie pourrait entrer dans l’OTAN.
Depuis, les choses ont bien changé et « la dérive des continents » a été déclenchée vraisemblablement en 2004 lorsque Ioulia Tymochenko devint Premier ministre d’Ukraine et impulsa une politique très largement pro-occidentale à ce pays. Dès lors, les événements se succédèrent, voire, se précipitèrent pour aboutir à la situation actuelle que nous allons détailler un peu plus.
Commençons par une interview récente d’Oscar Lafontaine, homme politique allemand. Il déclare notamment ceci.
L’explosion des deux gazoducs est une déclaration de guerre à l’Allemagne et c’est à la fois pathétique et lâche que le gouvernement fédéral veuille mettre l’incident sous le tapis. L’Allemagne dit qu’elle sait quelque chose, mais qu’elle ne peut pas le dire pour des raisons de sécurité nationale. Les moineaux le sifflent pourtant depuis longtemps sur les toits : les États-Unis ont soit directement mené l’attaque, soit au moins donné le feu vert. Sans la connaissance et le consentement de Washington, la destruction des gazoducs, qui est une attaque contre notre pays, paralyse notre économie et va à l’encontre de nos intérêts stratégiques, n’aurait pas été possible.
C’était non seulement un acte hostile contre la République fédérale, mais aussi la démonstration une fois de plus que nous devons nous libérer de la tutelle américaine.
Il aborde ensuite l’éventualité d’une évasion par l’Europe du joug américain, expliquant que ce sera long et difficile. Il pense que l’Allemagne devrait s’appuyer sur la France. Le problème c’est que la France a essayé pendant des décennies d’échapper au sort de vassal. Hélas, l’Union européenne a fini par avoir raison de sa volonté de même que l’entrisme américain qui a réussi à mettre à la tête de l’État des valets qu’il contrôle largement depuis au moins Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, dire que c’est difficile montre la pusillanimité du personnage. Quand de Gaulle décida « US Go Home », cela ne prit pas très longtemps. Encore faut-il avoir du courage ! Et les Européens corrompus et avilis n’en ont guère si même il leur en reste !
Posons-nous en outre une question qui, semble-t-il, n’a pas été soulevée à ce jour. Rappelons-nous l’interview, elle aussi récente, d’Angela Merkel. Il est quand même très étonnant qu’un ancien personnage politique « saborde », en quelque sorte, sa réputation en expliquant qu’il a menti. La chancelière avait fait presque un sans faute à la tête de son pays et en quelques mots, elle l’a gravement entachée. Pourquoi ? Si l’on s’en réfère à Oscar Lafontaine, et si on considère effectivement que les États-Unis ont déclaré la guerre à l’Allemagne, la première étape des représailles pourrait consister à torpiller, devant les instances juridiques internationales, la position des USA. En effet, qui, compte tenu de la vassalisation de l’Europe qui est maintenant une évidence, pourra enfourcher le cheval américain qui plaide l’invasion d’une Ukraine pacifique alors que cette dernière préparait à la fois son entrée dans l’OTAN et l’affrontement contre la Russie ? Ainsi, la bombe Merkel, c’est cela : délégitimer la posture officielle occidentale et en réalité américaine devant la justice mondiale. On peut considérer que ce n’est qu’une première étape et que l’Allemagne, en son temps, fera payer à l’Oncle Sam le prix de sa trahison.
Cela sera-t-il suffisant pour réaliser une véritable alliance avec la France ? Là, la balle est encore dans le camp allemand. En effet, les interviews de ces dernières semaines des anciens patrons d’EDF ont bien montré que le couple dit franco-allemand fait largement chambre à part et que des ressentiments ont conduit l’Allemagne à vouloir volontairement affaiblir notre nation à son seul profit. Que la patrie de De Gaulle se soit laissée faire est une histoire qu’il faudra bien régler politiquement un jour ! Néanmoins, si ces événements pouvaient faire réfléchir (ce sera difficile !) ceux qui dirigent les pays européens et leur faire comprendre où est l’intérêt des peuples, peut-être avons-nous une chance. Mais, comme expliqué plus haut, il sera aussi nécessaire d'avoir du courage !
Revenons alors à notre image de Pangée géopolitique. La dérive de certains continents crée les conditions de la dérive d’autres. C’est un véritable balai dans lequel tout le monde est lié à un phénomène global. Le détachement entre la Russie et l’Occident, a déjà déclenché celui de la Chine, bien que cette dernière fournisse l’Ouest massivement en produits manufacturés. Mais nous en voyons les limites avec la décision américaine récente d’interdire la quasi-totalité des équipements de télécommunications de ce pays sur son sol. L’Arabie Saoudite et le Moyen-Orient en général sont en train de se séparer des pays occidentaux ou, à tout le moins, d’en devenir plus indépendants. L’Afrique, elle, va être l’objet du « Grand Jeu » des années à venir et il sera intéressant d’observer si une puissance africaine pourra émerger et envisager la liberté au moins partielle de cette terre.
Au fur et à mesure que les continents géopolitiques vont s’éloigner, ils vont développer leurs cultures propres. L’histoire reprendra ainsi ses droits, elle qui a vu, disons au XIXe siècle, une multiculturalité exceptionnelle en notre Univers, laquelle a été laminée par la mondialisation uniformisante. Ironie, la géographie aidera aussi les rapprochements ! L’Europe jouxte la Russie et a une civilisation identique. Même si la contamination américaine a été substantielle depuis 1945, il n’en reste pas moins une profonde culture chez les peuples autochtones, qui aura raison sur le temps long et ce, d’autant que la Russie aura été forte dans la défense de ses racines. Pour le reste, même si les autres cultures sont radicalement différentes, il n’y a pas de motifs pour que l’Europe ne cohabite pas pacifiquement avec elles. Mais il faudra pour cela et avant tout débarrasser le monde d’une idéologie destructrice qui, au final, aura fait pis que le communisme, ce qui n’est pas peu dire.
Jean-François Geneste