Un résultat qui ne signifie rien, pour un scrutin qui ne rimait pas à grand-chose : voilà comment l’on pourrait résumer ce qui s’est passé dans les urnes pour les élections municipales 2020.
Un résultat qui ne signifie rien car les chiffres, les vrais, sont implacables : d'une part, l’élection du 2nd tour a concerné à peine 1 commune sur 7, et d'autre part, le taux d’abstention s’est élevé à près de 60 %, ce qui est tout à fait inhabituel pour ce type de scrutin. De ce fait, ce sont 7 millions d'électeurs seulement qui se sont déplacés, soit environ 15 % du corps électoral. Ce n'est pas ce que l'on peut appeler une élection représentative en termes de tendance. Les Français se sentent plus déprimés que jamais, puisqu’ils n'ont même plus l’envie de voter pour leur maire, pour tenter d’améliorer leur horizon quotidien…
A la lumière de ces chiffres crus, toute tentative d’interprétation du scrutin s’avère être un passe-temps quelque peu oiseux. Tâchons pourtant d’en tirer quelques leçons.
Coronavirus et crise de civilisation obligent, les Français se seraient « massivement » dirigés vers le vote écologiste, dans un souci confus de tourner la page, de tirer les leçons, de sauver la planète. Il faut savoir de quoi l’on parle. Que signifie glisser une main verte dans l’urne lorsqu’on habite une métropole de plusieurs centaines de milliers d’habitants, comme à Lyon ou à Bordeaux ? Le vote écologiste de dimanche est le vote de citoyens urbanisés jusqu’à l’os, pour qui le vert évoque davantage un code couleur hexamétrique ou un feu de circulation que la tendre teinte d’un bourgeon printanier. La nature dont rêvent les écologistes est une nature fantasmée. L’on ne vote pas écolo dans les campagnes : dans les campagnes, l’on subit les politiques européennes, les délires éoliens, l’on s’abstient souvent, et parfois l’on meurt en silence.
Les Verts que les « braves gens » de Lyon, de Bordeaux ou de Strasbourg ont porté au pouvoir n’ont jamais eu les pieds dans la glaise, et se soucient de la nature, de la vraie, comme d’une guigne. Ils sont d’abord et avant tout de gauche, et ne prospèrent que parce que les autres forces de gauche sont inexistantes. Ils s’imposent avec des coalitions de gauche, ils sont l’engrais de la gauche. Le nouveau maire de Lyon revendique la distinction entre les terrestres et les non-terrestres : il ne croit pas si bien dire. Les écologistes à la mode 2020 sont des déracinés. Leur monde, ils l’ont dans le cerveau quand nous l’avons sous les pieds, comme le disait Charette. A l’abri de leur périphérique, ils entendent bâtir une utopie prétendument écologiste mais qui repose sur une anthropologie, une vision du monde aux antipodes de la préservation des équilibres naturels comme de l’histoire humaine : une société éclatée, multiculturelle, qui fait fi de l’identité locale, mais aussi une société gangrenée par l’immigration incontrôlée, qui, faut-il le rappeler, est tout sauf écologique ! A Paris, Anne Hidalgo se veut plus écolo que les écolos : elle construit patiemment une ville sale d’où a fui la vie, où les embouteillages savamment orchestrés ne font qu’accroître la pollution. Elle « végétalise » les espaces, mais le seul vert qui pousse bien dans la capitale s’accompagne, sur les drapeaux arborés dans les rues les soirs de match, d’un croissant islamique. A Grenoble, l’expérience écologiste a transformé la ville en un cloaque d’insécurité et de violence. D’autres villes ont voulu y goûter : grand bien leur en fasse. En attendant la reconquête, n’oublions que la seule écologie qui vaille est inséparable de l’enracinement et de la défense de la vie : ne la laissons pas aux seuls apprentis révolutionnaires du XXIème siècle !
Constance Prazel