Ce soir, les téléspectateurs auront le plaisir de découvrir aux côtés de Cyril Hanouna, pour une spéciale « Balance ton post ! », sur le thème du grand débat national, notre inénarrable Secrétaire d’Etat « chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations » (tout cela !), j'ai nommé Marlène Schiappa.
L’annonce a été faite avec force voix et grande mobilisation des réseaux sociaux.
On est tenté de ressortir un bon vieux refrain qui a fait ses preuves : « imagine-t-on le Général de Gaulle (ou ici, l’un de ses ministres) se transformer en animateur de télévision ? » Non, bien sûr. Car il ne s’agit pas pour Marlène d’être une invitée politique, mais une « coanimatrice. » Après la très controversée Lettre aux Français, ce choix grotesque est décidément une bien curieuse réponse gouvernementale à la grogne sociale, aux Gilets jaunes et à la crise de notre beau pays. Devant la levée de boucliers qui a accueilli la nouvelle, venue des quatre points cardinaux de l’échiquier politique, la communication officielle a dû légèrement s’infléchir : Marlène devrait se contenter de transmettre à l’Elysée les propositions de réformes suggérées par quelques Français sélectionnés par Hanouna et soumises au vote des téléspectateurs. C’est vrai, à quoi bon le CESE et ses votes, quand il y a Hanouna, qui dit se mettre « au service des Français » ?
Nous étions déjà plutôt pessimistes sur l’issue du grand débat national, mais quand on le voit s’orchestrer de cette manière, plus aucun doute n’est permis : c’est l’énième pantalonnade d’un pouvoir discrédité, sans vision et sans cap. La recherche de l’audience télévisuelle, en lieu et place de la gravité du pouvoir. Nos élites bien-pensantes ont beau jeu de dénoncer la politique spectacle de Donald Trump : lui a minima, a le mérite de relever l’économie de son pays.
L’initiative a, dit-on, reçu le soutien plein et entier du Président, Emmanuel Macron qui, de son côté, avouait mardi dans une allocution à Aix-la-Chapelle, qu’il trouvait un « charme romantique » à la langue allemande. Voilà une déclaration d’amour qui va certainement améliorer les relations avec ses citoyens. Grande est la tentation de rappeler les mots de Charles Quint, qui disait parler espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes, mais réserver l’allemand à ses chevaux… Empereur du Saint-Empire romain germanique, véritable européen au carrefour de nos civilisations, il régnait sur des terres où le soleil jamais ne se couchait : il aurait pu faire un beau modèle pour notre président en quête de références jupiteriennes, mais Emmanuel Macron préfère visiblement Angela Merkel.
Une chose est sûre : Emmanuel Macron et son gouvernement ont un sacré problème de communication !
Constance Prazel