Depuis quelques jours, le soleil se lève sur une cathédrale Notre-Dame gisant désormais à ciel ouvert après le terrible incendie qui s’est déclenché dans ses combles.
Le choc est à la hauteur de la magnificence de l’édifice, et les réactions internationales, du plus humble visiteur aux plus illustres chefs d’État, sont impressionnantes par leur ampleur et leur émotion. Nul autre monument dans le monde n’est susceptible de créer un tel effet dans autant de cœurs, témoignant de l’incroyable force spirituelle de Notre-Dame, mais aussi, il faut bien le dire, de la France.
On se retrousse les manches et l’on prépare l’après, et parallèlement, l’on assiste à un gigantesque concours de déclarations aussi stupides que scandaleuses.
Il y a ceux qui, à l’image du procureur de Paris, décrètent, avant même le début de l’enquête, que l’incendie est forcément accidentel, ce que dément publiquement à la télévision l’ancien architecte de Notre-Dame, ayant travaillé pendant treize ans à réorganiser intégralement le système de protection incendie de la cathédrale.
Il y a ceux qui, à l’image des cadres de l’UNEF, se réjouissent de voir une église en flammes. En ce qui nous concerne, nous nous réjouissons du formidable élan qui suit la catastrophe, mais ne nous leurrons pas : ceux qui s’en moquent ou applaudissent en secret cette atteinte au cœur de la Chrétienté ne sont pas des cas isolés. L’incendie de Notre-Dame porte à son paroxysme le sentiment d’urgence qui doit être le nôtre devant la multiplication, ces derniers mois, des actes de vandalisme, destructions, mépris et blasphèmes qui ont frappé calvaires, modestes églises de campagne et édifices plus prestigieux. Il est vrai que l’ancien président de la Conférence des évêques, Mgr Pontier, déclarait récemment contre toute évidence, qu’il n’y avait pas d’actes christianophobes en France…
Il y a ceux qui nous expliquent qu’on ne va pas tuer de pauvres petits arbres innocents pour reconstruire la charpente, et qu’il vaut mieux sauver la planète que sauver Notre-Dame. D’ailleurs, le pape François recevait, en grande pompe, mercredi, la très jeune, la très stupide, la très inculte Greta Thunberg, militante de l’apocalypse climatique, qui, du haut de ses quatorze ans mal assumés, devient ainsi pour le monde un mélange d’Einstein et Marie Curie. Après l’incendie de la cathédrale, recevoir une telle foldinguette était évidemment une priorité pour le pape en cette Semaine Sainte.
Il y a ceux qui vitupèrent contre les grandes fortunes de France qui se sont mobilisées pour financer la restauration à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros, parlant d’une « privatisation » de la cathédrale. Ils oublient que l’édifice appartient à l’Etat : on peut toujours augmenter les impôts pour le reconstruire, mais il vaut peut-être mieux qu’il y ait de généreux mécènes dont certains, qui plus est, ont renoncé à leurs avantages fiscaux… Est-ce un crime que d’aimer le patrimoine et de vouloir y consacrer son argent ?
Il y a enfin ceux qui, Edouard Philippe en tête, se sentent obligés de souiller la beauté des siècles par une injonction de modernité : quelle idée que ce concours international d’architectes pour rebâtir la flèche ? Notre-Dame aussi aurait droit à sa Pyramide de verre… Une reconstruction à la Jeff Koons nous guette : un moyen bien commode pour mettre en avant aux yeux du monde l’utopie macronienne, et pour évacuer au passage les saintes reliques enchâssées dans la flèche de Viollet-le-Duc. Espérons que l’archevêque de Paris saura se montrer ferme sur ce point !
Mais heureusement, il y a aussi ceux qui, à cette occasion, redécouvrent comme une évidence l’identité chrétienne de la France, à l’image de Fabrice Luchini, touché au cœur par les vers de Péguy qu’il prononçait devant son public mardi soir : « Le texte de Charles Péguy et sa passion chrétienne nous ont plongés dans une communion dont je ne mesurai pas la puissance. Notre-Dame de Paris, c’est un symbole d’Occident. Même si on n’est pas chrétien, même si nous ne sommes plus chrétiens : la France est chrétienne. C’est un fait. »
En ce jour de Vendredi Saint, au seuil du silence du Sépulcre, nous ne pouvons pas ne pas interpréter ce cataclysme comme une invitation divine pour notre pays à renouer avec sa foi.
François Billot de Lochner
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