Mieux vaut tard que jamais : 150 ans après sa construction, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre va être classée monument historique. Nous imaginions sans doute qu’elle l’était depuis longtemps : que nenni !
La procédure vient d’être lancée, à l’initiative de la direction régionale des affaires culturelles et d’Île-de-France, et en partenariat avec la Ville de Paris, qui pour l’occasion a choisi, curieusement, de mettre de côté son anti-catholicisme viscéral et militant.
Qu’à cela ne tienne : d’autres se sont chargés de faire connaître leur vigoureuse opposition au classement. Elus communistes, dignitaires francs-maçons, associations laïcardes, tous les représentants des ligues de la vertu républicaine se sont offusqués d’une récompense jugée indue pour la basilique parisienne. Le motif invoqué : une « insulte » à la mémoire des Communards, et une reconnaissance officielle jugée inadéquate pour un monument emblème de la période connue sous le nom d’Ordre moral, à savoir les années d’incertitude durant lesquelles la France hésita entre la République et le retour du roi après la chute du Second Empire.
Quelques précisions historiques s’imposent : le projet d’ériger une basilique sur le Mont des Martyrs voit le jour dès la fin de l’année 1870, donc avant l’éclatement de la Commune de Paris, dans un contexte international difficile marqué par la défaite française, et par l’une de ses conséquences dramatiques, le retrait des troupes française engagées aux côtés du pape, à Rome, le livrant sans résistance possible aux unitaires italiens. Dans ce contexte, il s’agissait d’implorer pour la France le pardon et la miséricorde, par une supplique au Sacré-Cœur de Jésus. La Commune éclate quelques mois plus tard, en mars 1871, retardant le projet. La colline parisienne est alors le théâtre de sanglants affrontements, qui ne sont pas sans rappeler la Terreur. Avec le retour au calme, s’instaure sur place une « concurrence mémorielle », pour parler en verbiage contemporain : Montmartre, Mont des Martyrs, lieu de la décapitation de saint Denis, patron de Paris, ou bastion de la révolte communarde, outrageusement antireligieuse ? La première pierre n’est posée qu’en 1875.
On pourrait penser qu’avec les années, un peu de sagesse ait fini par s’installer. Mais les idéologues ont la dent dure et ne peuvent supporter l’idée qu’on tresse ainsi des couronnes à un édifice religieux aussi emblématique. Il y a quelques années, à l’occasion d’un « budget participatif », Ian Brossat, élu communiste de la capitale, avait proposé sa destruction pure et simple suggérant même « la démolition totale » de ce qu’il appelle la « verrue versaillaise », à l’occasion d’une « grande fête populaire ».
Nous rappellerons utilement à ces esprits chagrins qu’aujourd’hui, le Sacré-Cœur est le monument le plus visité de Paris. Il est immortalisé grâce à de beaux clichés par les touristes du monde entier, et la colline de Montmartre représente dans bien des cœurs, sur toute la planète, le meilleur de l’art de vivre parisien. Concrètement cela signifie que chaque année, la sainte basilique rapporte, via le tourisme et les affaires qu’il génère, un certain nombre d’euros sonnants et trébuchants, que ces gauchistes patentés sont bien heureux de trouver dans les caisses de la mairie de Paris pour financer leurs projets culturels dévoyés au service, entre autres, de la laideur ou du communautarisme LGBT. Mais ces révolutionnaires du XXIe siècle sont trop obtus pour comprendre que Paris a besoin du Sacré-Cœur, même pour servir leurs vils intérêts.
Aujourd’hui la sauvegarde du patrimoine, est l’un des ultimes refuges possibles pour la défense de notre identité, une « identité heureuse » marquée par la beauté transmise à travers les siècles. Elle assure un avenir à cette glorieuse église. En ce jour de la sainte Marguerite-Marie, qui au fond de sa Bourgogne vit brûler d’amour le cœur de Notre-Seigneur et reçut la mission de tout faire pour Lui consacrer notre pays, en ce jour où nous commémorons aussi la mise à mort de Marie-Antoinette, reine de France, il est donc bienvenu de remettre au goût du jour le cantique qui fit la joie des années 1870, mais reste d’actualité : « Dieu de clémence, ô Dieu vainqueur, sauvez Rome et la France, au nom du Sacré-Cœur » !
Constance Prazel