Alors que le « Trump bashing » n’en finit pas de résonner dans les colonnes des éditorialistes français, les chiffres, eux, n’en finissent pas d’être aussi têtus que les faits. Les Etats-Unis ont rarement bénéficié d’une situation économique aussi favorable.
Le chômage est descendu à 3,7%, du jamais vu depuis 1969 ; la tendance se confirme et se renforce. La croissance américaine a culminé au deuxième trimestre à un plus haut en quatre ans, à 4,2% en rythme annuel, au point que la Banque centrale américaine estime atteint le plein emploi. De quoi faire douter des sondages qui, naturellement, jugent Trump dans l’incapacité de conserver la Chambre des représentants aux prochaines élections de mi-mandat. Comme ces mêmes sondages donnaient Hillary Clinton vainqueur, il va de soi que tous les scénarios sont possibles…
Indépendamment de la politique intérieure menée par le président républicain, qu’on ne peut juger que de manière parcellaire, il faut bien évidemment se réjouir de la nomination récente comme juge suprême de Brett Kavanaugh. Brett Kavanaugh remplace Anthony Kennedy, qui avait été l’un des plus ardents défenseurs de la culture de mort, dans le cas de l’arrêt en faveur du mariage gay (Obergefell v. Hodges), ou de celui de soutien du Planning familial promoteur de l’avortement (Parenthood v. Casey).
Les attaques dont il a fait l’objet sont tout sauf dues au hasard, au point que le journal The American conservative n’hésite pas à évoquer une autre « Affaire Dreyfus » : « un phénomène dont la signification dépasse largement les faits et les acteurs. C’est un symbole condensé de deux visions du monde en plein affrontement. » Une autre Affaire Dreyfus, qui explique la déclaration publique de Trump pour demander « pardon » au nom des Etats-Unis pour les attaques dont Kavanaugh a fait l’objet, et qui a fait hurler de ce côté de l’Atlantique. Dans cet exercice, Trump s’est senti d’autant plus légitime qu’il agit sans surprise, il a été élu pour cela – faire basculer la Cour Suprême dans un sens conservateur.
Les combattantes du #Metoo ont donc défilé en vain dans les rues. Quelle hypocrisie, quand on sait que les attaques sont principalement venues de ce même camp démocrate qui n’a pas de mots assez durs pour fustiger le conservatisme moral, et qui s’est fait le chantre de la libération sexuelle dans les mêmes années (il y a plus de trente ans) où se serait déroulé le « crime » de Kavanaugh – une tentative de viol quand il avait 17 ans, et sa victime, 15. Quelle hypocrisie, quand on sait que dans la très libérale université de Yale par exemple, fréquentée en son temps par le couple Clinton, les étudiants organisent des soirées « Porn ’n chicken », dont je vous laisse imaginer le contenu et le menu.
L’audition des deux parties et les compléments d’enquête n’ont pas permis au FBI de préciser les accusations, et la balance au Sénat a penché en faveur de Kavanaugh – à 2 voix près. Courte victoire, mais une victoire qui est incontestablement à porter au crédit de Trump. La contre-offensive risque de n’en être que plus rude, de la part d’une élite américaine de gauche prête à tout pour maintenir, coûte que coûte, son idéal mortifère, comme le prouve la gauchisation du discours démocrate à l’approche des élections de mi-mandat. La bataille sera sans merci.
Constance Prazel
Déléguée générale de Liberté politique